« Mal organisée, la distribution de l’alimentation en cheptel bovin laitier peut être chronophage, pénible, coûteuse… Mais avant de se lancer dans l’achat d’un nouveau matériel, mieux vaut commencer par chiffrer le temps de travail de cette astreinte et réfléchir aux solutions possibles : emplacement des bâtiments des différents lots, des silos, des aliments, de la cuisine afin de limiter les trajets, simplification des rations, réduction du nombre de distributions (de 1 par jour à 1 tous les 2 jours pour les génisses par exemple)… », commence Maël Raulo, référent nutrition chez Innoval.
« En moyenne, environ 45 % du temps de distribution est consacré aux vaches laitières et environ 55 % aux autres animaux (vache taries, génisses…). Regrouper les animaux est donc une première piste intéressante, cela permet notamment de ne pas multiplier les équipements », ajoute Aubin Lebrun, référent technique économie système chez Innoval. Maël Raulo cite l’exemple d’un élevage comptant 200 vaches laitières « qui avait des génisses à 5 km et à 7 km du siège d’exploitation. Les agriculteurs ont construit un bâtiment pour les génisses auprès des laitières, il a été rentabilisé en 8 ans seulement. » De petits aménagements comme des vis de reprise dans les silos par exemple peuvent aussi être envisagés dans un premier temps.
« Réfléchir à son organisation de circuits, à ses lots, a globalement davantage d’impact sur l’astreinte distribution que l’investissement en matériel, qui lui est à adapter aux effectifs d’animaux. Le choix de tel ou tel type de matériel se pose souvent au moment du renouvellement », poursuivent les conseillers.
« Avant d’investir, il est primordial de se poser les bonnes questions : Quels sont mes besoins au regard des moyens de production actuels ? Quelles sont les options possibles : mécanisation, délégation, automatisation, salariat ? »
Ces différentes options peuvent ensuite être jugées sur plusieurs points : temps de travail économisé ; effet sur le système (productivité, fourrages) ; coûts de fonctionnement, d’entretien, de maintenance, d’assurance… ; besoin en traction ; montant d’investissement et impact sur les résultats économiques ; opportunités de financement (subventions, prêts, reprises), durée de vie…
Simplicité du godet désileur
Compris entre 7 000 € (porté 3 points, 1,5 m3) et 21 700 € (plus de 3 m3 sur télescopique), un godet désileur est une solution peu onéreuse et parfaitement adaptée aux rations simples, dans les élevages où les silos sont proches de la table d’alimentation. Outil de distribution très présent en élevage laitier, la remorque mélangeuse offre gain de temps et homogénéisation des aliments. « Elle permet aussi de réaliser des rations adaptées aux vaches taries, aux génisses, voire aux veaux. » Pour un troupeau de 80 vaches, une mélangeuse d’environ 18 m3 coûtera entre 30 000 et 50 000 € neuve selon les options.
Autre machine davantage envisagée aujourd’hui : la mélangeuse automotrice, souvent d’occasion pour des élevages de taille classique. « Elle apporte du confort de travail en limitant les montées et descentes de l’outil. Avec moins de coût de traction, le coût global de la distribution est inférieur à une remorque mélangeuse. » En neuf, le coût est compris entre 140 000 € pour une 13 m3 et 210 000 € pour une 20 m3. D’occasion, l’éventuel changement de son moteur hydraulique est alors à prendre en compte. « Il est préférable de limiter les kilomètres et les sols doivent être résistants au passage des grosses roues », note Maël Raulo.
Agnès Cussonneau
Repères sur les coûts aux 1 000 L
Aubin Lebrun donne des repères clés sur les coûts de distribution. « On peut viser un plafond de 20 €/1 000 L hors coûts de main-d’œuvre et de 30 €/1 000 L avec main-d’œuvre. » Il souligne l’intérêt des Cuma ‘désileuses mélangeuses automotrices’ dans des zones comprenant une densité suffisante de fermes laitières (avoir au moins 100 000 L par km parcouru). « Le coût de distribution est alors abaissé à 10 – 15 €/1 000 L, main-d’œuvre incluse », chiffre-t-il. Depuis plusieurs années, Innoval propose « des groupes de réflexion entre éleveurs sur les coûts rendus auge. Cela peut être intéressant pour échanger et comparer entre pairs. »
Les robots électriques, moins gourmands en énergie
« La robotisation est la voie qui génère vraiment un gain de temps. Elle permet aussi un accroissement de la fréquence de distribution et une démultiplication des types de rations en fonction des lots d’animaux (avec la possibilité de petites quantités préparées). L’automate affiche aussi la fonction de repousse-fourrage », indiquent les conseillers. Souvent présents dans des exploitations de grandes dimensions (120 à 350 UGB), les robots d’alimentation représentent des montants d’investissements variables entre 150 000 € et 300 000 €.
« Avec des moteurs électriques, ces outils affichent une consommation de 5 à 7 €/j. La consommation est bien supérieure en moteur thermique. Le coût d’entretien varie entre 4 000 € et 6 000 €/an. Le coût des pièces est estimé entre 2 000 et 4 000 € par an pour les modèles électriques qui affichent des durées de vie variant entre 10 et 12 ans.»