Pensez-vous que l’agriculture est en capacité d’attirer cette main-d’œuvre ? Comment ?
Vincent Lambert – Coordination rurale 22
NON – Les agriculteurs n’ont pas toujours les moyens de se payer eux-mêmes, difficile d’imaginer pour beaucoup d’embaucher. Pourtant l’élevage, en net recul, aurait besoin de main-d’œuvre. Mais l’amplitude de travail, du lundi matin au dimanche soir, et l’astreinte limitent l’attractivité. Pour les salariés comme pour les éleveurs, ce sont des métiers passion. Nous avons besoin d’un abaissement des charges sociales pour embaucher plus facilement. Mais aussi, pour faire venir des jeunes, que l’agriculture ne soit plus sans cesse écornée dans les médias.
Julien Tallec – Confédération paysanne 29
NON – Faute de bras, notre agriculture n’est plus en mesure d’assurer ses missions dans son entièreté. Il serait utopique de penser que nous serons en mesure d’attirer de la main-d’œuvre salariée sans changer notre modèle agricole. Un modèle actuel concentré sur l’export et très dépendant des protéines importées et de l’énergie fossile. Sans exclure le recours au salariat, il faut d’abord retrouver des actifs paysans en redonnant envie d’exercer notre métier sur des fermes plus autonomes dégageant suffisamment de revenu. Cela passe aussi par des aides Pac davantage orientées vers l’actif que vers la surface.
Gaëlle Émeraud – FDSEA – JA 56
OUI – L’agriculture bretonne a besoin de main-d’œuvre, primordiale pour le maintien et le développement des exploitations plus grandes aujourd’hui. Mais son coût accentue lourdement les charges. Pour être bien dans leurs bottes, exploitants et salariés doivent être bien dans leur tête en évoluant dans de bonnes conditions de travail. Embaucher offre aussi des opportunités de transmission de l’outil sur la durée à des salariés qualifiés qui souhaiteraient s’installer sans être écrasés par l’investissement lourd d’une reprise. Enfin, il faut accentuer l’aide à la formation et l’apprentissage pour attirer davantage de profils correspondant à la demande agricole.
Elle a dit lors du débat : « Une reconnaissance du métier au préalable »
Laëtitia Bouvier- FRSEA/JA
L’agriculture ne sera pas attractive si au préalable il n’y a pas une reconnaissance du métier, par les citoyens,de par leur acte d’achat et leur soutien au projet agricole,et par le soutien des politiques pour la réalisation de projets agricoles et d’initiatives locales.
Au regard des résultats économiques (notamment dans des productions comme le lait), les agriculteurs sont-ils en mesure d’embaucher ?
L’emploi en collectif en solution intermédiaire
En élevage, il y aurait souvent besoin d’embaucher pour réduire la charge de travail et se dégager du temps. Mais trouver de la main-d’œuvre compétente n’est pas simple, on doit parfois se résoudre à chercher des gens consciencieux et motivés à former. Toutes les fermes n’ont pas non plus la capacité financière de rémunérer : il faut un bon équilibre entre le dimensionnement de l’activité et les charges salariales. Le groupement d’employeurs peut être une solution intermédiaire. Plus globalement, l’agriculture a besoin de prix minimum capables de couvrir coûts de production, rémunération du travail des paysans et des salariés et protection sociale.
Adeline Auffret – Confédération paysanne 22
En lait, il manque 50 à 100 €/1000 L
Aujourd’hui, ce n’est pas possible de rémunérer la main-d’œuvre gratuite (parents, enfants…) au tarif réglementaire. Il manque en effet 50 à 100 €/1000 L en lait pour voir l’avenir sereinement et résoudre ces problèmes de main-d’œuvre. L’objectif est donc de travailler sur la répartition de la valeur.Il faudra également diminuer les charges, qui ont explosé avec le coût de matériel. L’augmentation récente du prix du lait a été absorbée par cette flambée des intrants. Enfin, il faudra revoir la fiscalité. Quand on augmente notre revenu, on ne cesse de nous le confisquer, avec des taux confiscatoires entre impôts et MSA. Et le tout, pour des retraites dérisoires…
Sébastien Abgrall – Coordination rurale 29
Soigner les conditions de travail
Même si certains ne sont pas faits pour gérer du personnel, il manque clairement de la main-d’œuvre en agriculture. La difficulté est que les producteurs ne sont déjà pas assez rémunérés pour leur travail, tous n’ont donc pas les moyens d’embaucher pour se soulager au quotidien ou se dégager du temps. Les cours doivent donc s’améliorer pour toutes les filières et les charges sociales baisser. Ensuite, pour attirer des candidats, il est indispensable que les agriculteurs soignent l’accueil et les conditions de travail et souvent se forment à gérer de la main-d’œuvre. En effet, c’est désormais les salariés au bon profil qui choisissent où et comment ils s’engagent.
Léna Terrom – FDSEA – JA 29