Aujourd’hui, une installation peut facilement coûter 500 000 €, voire 1 M€. La prise de participation des partenaires économiques vous semble-t-elle une bonne chose ?
Yann Le Gac, Jeunes Agriculteurs 29
Je suis plutôt contre, à part si c’est un partenaire qui n’a rien à nous vendre. Il faut que le retrait de ce partenaire soit prévu dès le départ et avec une date de sortie programmée au moment de l’installation. Le jeune doit rester le seul chef d’entreprise et décisionnaire sur son exploitation. Il existe d’autres solutions à explorer comme le portage du foncier par exemple, avant d’enclencher une prise de participation.
Ronan Le Pogam, Coordination rurale 56
Je suis contre. Il faut absolument que le jeune reste majoritaire à plus de 51 % des parts sur son exploitation. Un groupe collecteur de fonds promet aux investisseurs un rendement financier de 8,5 % dès la première année. Pourquoi nous, en investissant dans notre outil de travail, on n’arrive pas atteindre ce niveau de rendement dès l’installation ? Il est vital pour un jeune de rester maître de son outil de travail. Certaines structures vont devenir très compliquées à reprendre, il n’y aura parfois peut-être pas le choix que de faire appel à ces partenaires économiques. L’équation ne sera pas facile à résoudre.
Adèle Lebrun, Confédération paysanne 35
Nous visons à soutenir et accompagner des installations collectives et des investissements collectifs de type SCI, GFA ou par le biais de l’association Terre de liens ou des personnes de la société civile peuvent investir afin de faciliter l’installation. On veut aider les cédants à se reloger afin de libérer la maison d’exploitation ce qui est plus confortable pour le jeune qui s’installe et limite le coût de la reprise. On propose un allègement fiscal pour les cédants pour faciliter l’installation. On veut limiter les investissements et les agrandissements afin de conserver des fermes transmissibles aux générations futures.
Elle a dit lors du débat : « Des avantages fiscaux lors d’achat de foncier »
Véronique Le Floc’h – Coordination rurale
Pour le foncier, la priorité doit être bien évidemment accordée aux jeunes. À la Coordination rurale, on souhaiterait dupliquer ce qui existe pour l’investissement dans le locatif immobilier, permettant d’acquérir du foncier tout en l’amortissant.
Il y a 3 départs pour une installation et pourtant des jeunes ne trouvent pas de foncier. Comment vous l’expliquez ? Et concrètement que faut-il faire ?
Répartir le foncier avec plus de transparence
L’agrandissement ainsi que la financiarisation et à l’artificialisation des terres constituent des freins à l’installation. Or, le foncier est le premier moyen de production des paysans : de l’accès au foncier découle le droit au travail et au revenu. Pour des installations nombreuses, il est urgent de protéger et répartir le foncier avec plus de transparence ; de donner une priorité à la production alimentaire et aux candidats à l’installation ; d’encadrer fermement la production énergétique ; de remettre en valeur et défendre le statut du fermage ; de faire respecter les autorisations d’exploiter accordées aux futurs installés ; de revaloriser la retraite des cédants.
Soazig Le Bot – Confédération paysanne 56
Éviter la course à l’agrandissement
Même lors d’une installation, nous constatons une absence de neutralité lors de l’affectation des terres. Ainsi le foncier est accaparé et s’en va grossir des exploitations choisies qui collent au système de l’agrobusiness mais dégagent de moins en moins de marges. On pourrait croire que faire du revenu est interdit avec le modèle en place.La vraie solution est que les agriculteurs gagnent correctement leur vie grâce à un revenu décent. Il ne faut pas être dans une course à l’agrandissement sans fin qui conduit à de l’inefficacité économique.
Kévin Helibert – Coordinationrurale 29
Du foncier va se libérer dans les territoires
La disponibilité dépend de la pression foncière et du nombre d’exploitations à se libérer dans les territoires. Il va y avoir de plus en plus de départs en retraite, donc de plus en plus de choix de reprise d’exploitations pour des jeunes, quel que soit leur projet de vie, de production et de modèle agricole. Des accompagnements indispensables existent via la Chambre d’agriculture et des outils comme le SDREA qui aident la réflexion et l’installation des jeunes. Les cédants, ont aussi un rôle à jouer pour aider les jeunes repreneurs à trouver des solutions et permettre des projets de reprise différents.
Gwénolé Corbel – Jeunes Agriculteurs 22