Une étude vient d’être lancée en 2024, et qui va se poursuivre jusqu’en 2028, afin d’allonger les cycles de ponte des pondeuses en France et en Belgique. Elle a pour objectif de faire un état des lieux des freins et des leviers d’action pour allonger la durée de vie des poules dans de bonnes conditions en réalisant des entretiens chez des éleveurs et d’autres acteurs de la filière ainsi que des essais. « Au début, je réformais mes poules à 69 semaines. Il y a 1 an, je suis passé à 72 semaines et aujourd’hui je suis à 75-76 semaines », indique un éleveur enquêté. Et Félicie Aulanier, chargée d’études en production avicole à la Chambre d’agriculture de Bretagne, de préciser : « En poules rousses, l’âge moyen de réforme est de 86 semaines en Belgique, 78 semaines en France et pour les poules blanches la moyenne est entre 95 et 100 semaines. »
Amortir le prix de la poulette
Pour les éleveurs, le premier critère de réforme est la rentabilité. Ils citent ensuite : les termes du contrat, la santé des poules, la dégradation de la qualité physique de l’œuf et le comportement des poules (picage, ponte hors nid). À la question : quel âge est acceptable pour une réforme ? L’enquête révèle un chiffre assez large entre 80 et 120 semaines en souches brunes et 90 à 120 semaines en souches blanches. « Les vétérinaires restent prudents sur l’allongement des cycles à cause des risques sanitaires. De leur côté, les équipementiers et les généticiens sont optimistes », rapporte Aurélie Derunes, conseillère technologique à Innozh. Pour l’éleveur, la rentabilité est au centre de la décision sur cette question de l’allongement du cycle de ponte. « L’augmentation du prix de la poulette incite à allonger la durée du lot pour l’amortir. Mais attention un taux de ponte insuffisant peut vite impacter la rentabilité. Les éleveurs estiment que, selon la conjoncture, le lot doit être réformé entre 70 et 80 % de ponte. Il faut aussi veiller à la santé des poules : baisse de l’immunité, épuisement des réserves, mortalité, parasites. La rentabilité peut être affectée avec une augmentation du nombre d’œufs déclassés ou une dégradation de la qualité des œufs : fragilité des coquilles, calibre, couleur », liste Félicie Aulanier. Pour les éleveurs enquêtés les principaux leviers permettant de garder un lot plus longtemps sont de travailler sur la qualité des poulettes, l’amélioration génétique, une alimentation et une eau de qualité, avoir un bon plan de prophylaxie, ajuster le programme lumineux, l’accueil des poulettes, limiter le stress, les équipements d’élevage et la présence d’enrichissements.
Nicolas Goualan
Un test de longévité dans 10 fermes
L’étude qui a débuté avec une synthèse bibliographique et des entretiens filière va se poursuivre par des expérimentations : lumière dynamique, souches alternatives, test d’enrichissements, complémentation calcique… « Cela va déboucher sur la création d’un plan d’action longévité qui sera testé dans 10 fermes commerciales. »