Dossier technique

Développer l’agrivoltaïsme en Bretagne ?

L’agrivoltaïsme est source potentielle de revenu pour les agriculteurs.Comment faire pour que le revenu revienne aux agriculteurs ?

Des panneaux photovoltaïques dans un champ avec des moutons - Illustration Développer l’agrivoltaïsme en Bretagne ?
© snapshotfreddy - stock.adobe.com
Gaëtan Le Seyec - FDSEA 56
Gaëtan Le Seyec – FDSEA 56

Vigilance sur la communication des développeurs

D’une manière générale, le photovoltaïque sur toiture doit être privilégié, ou au sol, dans les zones non agricoles, y compris dans le périmètre sanitaire des exploitations. Le décret sur l’agrivoltaïsme est sorti au printemps dernier. Nous n’en sommes qu’au tout début. La production agricole ne doit pas être altérée par un taux de couverture trop important. Des essais sont en cours. Les agriculteurs doivent être vigilants, les développeurs font de la communication mais les projets nécessitent une étude économique et agronomique.

Gaëtan Le Seyec – FDSEA 56

Martin Sentenero - Confédération paysanne 29

La production d’énergie ne doit pas prévaloir sur la production agricole

Le paysan est producteur de nourriture, non d’électricité. Notre position est globalement contre l’agrivoltaïsme sur surfaces naturelles et agricoles, et nous pensons que la couverture en panneaux solaires doit aller en priorité sur les surfaces existantes (toitures) et artificialisées. Par exemple, des ombrières pour volailles ou autres projets à taille humaine de hangars couverts peuvent être considérés, si l’activité agricole le justifie. Le paysan doit tirer son revenu de sa production agricole, et rester maître de ses projets. Les promesses des énergéticiens sur des gains à grande échelle ne sont que des écrans de fumée. Nous ne renonçons pas, contrairement à d’autres, à défendre une agriculture rémunératrice.

Martin Sentenero – Confédération paysanne 29

Kévin Collin - Coordination rurale 22
Kévin Collin – Coordination rurale 22

Optimiser les surfaces de toitures

Le photovoltaïque a cela d’intéressant qu’il s’agit d’une énergie renouvelable. Mais avant de couvrir les champs et de soustraire des terres arables à l’alimentation, il convient d’optimiser les surfaces de toiture libres qui sont nombreuses dans les fermes bretonnes. S’agissant d’agrivoltaïsme, la profession doit être prudente vis-à-vis des fonds d’investissement qui pourraient s’accaparer des terres sans véritable retour aux agriculteurs. À chaque fois qu’il y a de l’argent à se faire, on s’aperçoit que les agriculteurs passent en second plan. D’où l’intérêt pour les agriculteurs de prendre conseil avant de se lancer.

Kévin Collin – Coordination rurale 22

Le développement de la méthanisation crée de la surenchère surle foncier et le prixdes cultures. Cela vous inquiète ?

Ils ont dit :

Benjamin Renaud – Coordination rurale 35

La méthanisation suscite du débat. Notre syndicat la voit plutôt comme un atelier qui peut permettre de maintenir l’élevage grâce aux prix du biogaz garantis pendant 15 ans. Mais elle doit rester à taille humaine avec un bénéfice qui revient bien à l’éleveur. La ration doit être constituée très majoritairement d’effluents d’élevage et le moins possible de cultures. La proportion d’ensilage de maïs dans le poids des rations reste faible en Bretagne, à 7 %. L’élevage permet aussi grâce à des rotations assez longues de maintenir un bon taux de carbone dans le sol.

François Trubert – FDSEA 35

Nous défendons une méthanisation portée par les agriculteurs, avec des capitaux propres. Il n’y a pas d’augmentation des prix du foncier, en lien avec la méthanisation. Le taux d’incorporation de maïs est en dessous des 15 % autorisés. Les projets fédèrent sur un territoire car les agriculteurs du secteur y trouvent leur compte. Soit parce qu’ils sont partie prenante de projets collectifs, soit parce qu’ils produisent des Cive et récupèrent du digestat et économisent de l’engrais. La perte de matière organique sur les terres de l’exploitation est minime, autour de 10 %. Un fumier épandu après être resté en fumière occasionne aussi une perte car il émet des gaz.

Goulven Troadec – Confédération paysanne 29

La hausse du prix du foncier nous inquiète, nous le dénonçons depuis l’apparition des premiers projets industriels de méthanisation agricole. La production d’énergie ne doit en aucun cas se substituer à une production alimentaire. Notre souveraineté agricole passe par une autonomisation de nos exploitations en fourrage, l’utilisation de surface pour « nourrir » les méthaniseurs ne fait qu’aggraver la problématique. La production d’énergie n’est pas la vocation première du paysan ; c’est bien la production alimentaire qui doit générer du revenu.


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