Le consommateur a choisi. Il a choisi de ne pas payer son alimentation au juste prix. Et dans ce cas, les choses sont simples : soit l’agriculteur français est capable de s’aligner ; soit le pays recourt à l’importation. Et c’est bien la seconde solution qui s’impose progressivement. Illustration parmi d’autres avec la salade iceberg. Cette salade qui pousse très bien en Bretagne parcourt un millier de kilomètres depuis l’Espagne avant d’arriver sur les tables bretonnes. Une absurdité écologique de plus générée par la quête du plus bas prix.
Cette bataille du mieux-disant ne s’arrête pas aux frontières de l’UE. La France glisse dangereusement sur la pente de la déproduction alimentaire. La part des importations pour de nombreuses denrées alimentaires ne cesse de croître. L’exemple du poulet est à cet égard édifiant. Or, acheter des produits sans générer de valeur sur place revient à décapitaliser l’économie nationale. Et cela, à long terme, a un coût bien plus élevé que celui du prix immédiat.
Certains prétendront que ce choix s’explique par une concentration des efforts sur des secteurs stratégiques, plus rémunérateurs comme le médicament, devenu prioritaire depuis la pandémie de Covid-19. Mais là encore, ce secteur subit le même dilemme : produire localement ou importer à moindre coût. Pendant ce temps, des pays asiatiques s’imposent sur les marchés, s’affranchissant souvent des règles environnementales qui représentent chez nous près de la moitié des coûts de production d’un médicament.
Comment rivaliser dans ces conditions ? La solution passe par une prise de conscience collective : accepter de payer le juste prix des choses, non comme une contrainte, mais comme un investissement pour préserver notre capacité à produire, à créer de la valeur sur le long terme et donc à protéger notre niveau de vie.