« Nous nous plaignons constamment et nous continuons à voter pour la continuité ». La présidente de la Coordination rurale a fustigé les modèles proposés par les syndicats concurrents : « Le premier, aux commandes depuis longtemps, a un bilan catastrophique. C’est le choix de la continuité, avec l’industrialisation de l’agriculture, l’augmentation de la taille des exploitations, une agriculture tournée vers l’exportation. Cette vision nous mène vers l’impossibilité pour des jeunes de reprendre les fermes, donc vers l’intégration et l’asservissement ». Le second, porté par la Confédération paysanne, ne vaut pas mieux, à ses yeux. « C’est un modèle sympa, qui attire des jeunes vers des fermes qui ne leur appartiendront jamais, financées par des organismes comme Terre de liens ou Feve. Ces jeunes n’ont d’autre choix que la production en bio. C’est un modèle qui créé des emplois mais sans rémunération pour les chefs d’entreprise. Quand les jeunes en ont marre de ce système pénible et trop peu rémunérateur, ils quittent le milieu ».
Des coopératives au service des adhérents
La CR défend un autre modèle : « Nous voulons des fermes familiales libres. Nous voulons une agriculture non financiarisée, qui dégage du revenu grâce aux prix de nos produits. Nous ne sommes pas anti-coopératives mais nous voulons leur redonner leur vocation première qui est celle de défendre les adhérents. Les coopératives sont aussi opaques que les privés. Certaines, en théorie concurrentes, se regroupent pour mettre en commun une activité au sein d’une holding, s’épargnant de détailler individuellement les activités qui y sont regroupées. Nous demandons que les résultats de ces holdings, qui ont été financées par les coopérateurs, leur reviennent ce qui n’est pas le cas actuellement ». La présidente demande également un allègement de la fiscalité sur le foncier agricole qui « est du double de la taxation des dividendes ».
Exception agri-culturelle
La Coordination rurale revendique l’instauration du principe d’exception agri-culturelle qui permettrait à chaque pays de déconnecter ses prix agricoles des cours mondiaux. « Nous éviterions ainsi que nos agriculteurs disparaissent en vendant à perte et nous pourrions sécuriser les prix à la consommation ». Elle dénonce la multiplication des contrôles qui sont, selon le syndicat, la contrepartie des aides compensatoires à la baisse des prix de 1992. « Aujourd’hui, avec la complexité de la nouvelle Pac, mais aussi le renforcement permanent des contraintes environnementales, les agriculteurs sont soumis à un nombre incalculable de règles (Pac, conditionnalité environnementale et sociale, police de l’eau, MSA…). C’est du travail pour des agents extérieurs que nous payons ». La CR gère aujourd’hui 3 Chambres d’agriculture. « Ces chambres sont redevenues un outil au service des agriculteurs », assure la présidente qui appelle les agriculteurs à voter pour les élections aux Chambres d’agriculture.
Bernard Laurent
Liste de la coordination Rurale
Nathalie Possémé, pondeuses bio, Sérent ; Ronan Le Pogam, lait, Caudan ; David Mauvoisin, grandes cultures et éleveur bovin, Missiriac ; Cindy Chégard, porc, Ploemeur ; Franck Geffroy, polyculture élevage, Tréal ; Jean Paul Thebaud, bovins viande, Elven ; Sylvie Le Cam Perron, lait, Baud ; Christian Caillarec, lait, Priziac ; Rémi Gourguechon, légumes, Noyal-Pontivy ; Marie-Odile Blandel, lait, Guillac ; Didier Launay, grandes cultures, Sarzeau ; Erwan Barzic, ovins et volailles, Pont-Scorff ; Élodie Guelvout, pondeuses bio, Évellys ; Jean-Michel Bouedec, pondeuses bio, Gourin ; Pierrick Thebaud, lait, Plumergat ; Véronique Michelet, pondeuses, porcs et grandes cultures, Ploërmel ; Guillaume Getain, volailles et grandes cultures, Pleugriffet ; Erwan Le Mouel, pondeuses repro et grandes cultures, Cléguérec ; Marie-Laure Jaffré, bovins, Landaul ; Yvonnick Le Pogam, grandes cultures, Plouay.