Retrouvailles : Copains un jour, copains pour toujours

Jean-Pierre Sévère et André Léziart se souviennent parfaitement de leur passage en lycée agricole. Ces deux anciens élèves se retrouvent toujours avec leurs camarades de l’époque, même plusieurs décennies plus tard.

Photo de classe après 47 ans - Illustration Retrouvailles : Copains un jour, copains pour toujours
Au bout de 47 ans, les copains se retrouvent toujours.

Lopérec (29) – Pommerit-Jaudy (22)

Il y avait celui qui arrivait toujours en retard ou qui avait oublié son cahier, et ne manquait jamais une occasion pour faire le pitre. Ou celui qui, toujours au premier rang, levait rapidement le doigt pour répondre à une question du professeur. Ne parlons pas de l’occupant du rang du fond, appuyé au système de chauffage central, ou de celle quotidiennement tirée à 4 épingles. Le passage par l’école marque. On s’en souvient toujours des décennies plus tard, sans doute car il coïncide avec une période importante de notre jeune vie, où les problèmes rencontrés à l’époque nous paraîtraient aujourd’hui bien dérisoires.

Ces souvenirs sont peut-être encore un peu plus ancrés dans nos esprits lorsqu’on a usé ses fonds de culotte dans un établissement agricole. C’est peut-être le fait de l’internat, régime quasi systématique dans ces formations ; ou d’avoir à gérer le vivant, avec des vêlages, la traite, l’organisation des travaux des champs qui scelle davantage dans la mémoire ces moments… Et ils sont nombreux, les groupes d’amis, à se reformer 1 an, 10 ans ou 40 ans après avoir quitté le lycée, diplôme en poche. André Léziart et Jean-Pierre Sévère font partie de ces gens qui aiment se retrouver entre « anciens ». Le premier a suivi une scolarité au Nivot à Lopérec (29), le second était à Pommerit-Jaudy (22). Ces deux-là ne se connaissent pas, mais partagent la même joie de se retrouver avec leurs copains respectifs.

Photo de classe de 1984
La promotion de 1984 d’André Léziart…

Ce n’est pas de la nostalgie

Replongeons au printemps 1977. Alors que les radios diffusent la douce chanson « l’Oiseau et l’Enfant » de Marie Myriam, Jean-Pierre Sévère « bûche » avec ses 25 autres camarades de classe (24 garçons pour une fille) sur différents sujets afin de passer leur BTA, au lycée de Pommerit-Jaudy (22), et sous la surveillance de l’abbé Michel Commault. Quelques semaines avant de passer les épreuves, les jeunes étudiants se réunissent, certains pensent « peut-être une dernière fois », avant que chacun poursuive son chemin. Mais ce serait mal connaître l’envie d’autres qui ne veulent pas rompre le lien d’amitié qui les unis. C’est le cas de Jean-Pierre Sévère qui décide, avec ses camarades, de se revoir tous les ans. « Au tout début, il faut reconnaître le caractère festif de nos agapes, au fil du temps le groupe s’assagit ». 17 personnes restent fidèles à ces rendez-vous annuels, et 47 années plus tard le groupe reste inchangé. Mais qu’est-ce qui pousse ces anciens camarades à se retrouver ? « Ce n’est pas nostalgique. J’attends tous les ans les retrouvailles avec impatience », explique celui qui au fil du temps est un peu devenu le chef de classe, en collectant divers documents (diplôme, convocation à la fête) et en réalisant des albums photos. Peu à peu, la tournure du regroupement change, tantôt avec des naissances et des enfants qui viennent participer, parfois avec des plaies à panser. Mais toujours dans la bonne humeur, « on parle beaucoup d’agriculture, on consulte les albums, on répète toujours les mêmes choses », s’amuse l’ancien élève. La technologie argentique a laissé sa place au numérique, les cheveux blonds et bruns ont grisonné, mais les souvenirs sont intacts. « Depuis tout ce temps nos surnoms persistent : Riton, Pépite, Caniche, Mecton, Job, Loulou, Pépé, Jeg’s, La rouille, Patoche, Iffig, Pétard », liste-t-il. Il manque désormais « Mich, fidèle parmi les fidèles, qui nous a quittés 8 jours avant notre 47e édition d’octobre 2024 ».

Les retrouvailles de 1997 pour la classe de 1984
Les retrouvailles de 1997 pour l’équipe de Jean-Pierre Sévère.

On s’est quitté la veille

Si l’on doit choisir un fait marquant agricole de 1984, année où André Léziart faisait partie de la promotion BTA G du Nivot, impossible de ne pas illustrer ce moment par la mise en place des quotas laitiers. Le jeune Finistérien s’est depuis installé comme producteur de lait à Saint-Divy (29) et, sous la houlette de 3 autres copains, une journée de retrouvailles s’est tenue en juin dernier. 40 ans après, des recherches sur les réseaux sociaux et avec l’appui du lycée ont permis de retrouver les membres de cette promotion. « Sur 34 élèves, nous étions 27 à la fête, tout le monde a répondu ». André Léziart tient à saluer la mémoire de Pascal et de Dominique, camarades d’école malheureusement décédés depuis le passage à l’école.

Les chemins se sont séparés, la classe s’est éparpillée en Alsace, en Bourgogne, à Paris ou au Sénégal. Si la majorité de ces étudiants de 1984, composée exclusivement de garçons, est désormais agriculteur, d’autres ont choisi diverses orientations en devenant agent immobilier, employé de banque, gérant de gîtes… Comme quoi, les études agricoles mènent à tous les métiers. Si des kilomètres ont séparé les amis, « quand on se revoit, c’est comme si on s’étaient quittés la veille ». Pendant le rassemblement d’anciens, chacun y va de sa petite anecdote toujours en tête. Comment oublier ce voyage en Alsace, avec visite de cave où la température frisquette des lieux a brusquement monté après la dégustation de vins fins du coin ? Ou encore cette mémorable fondue bourguignonne élaborée par frère l’Hostis ?

On entend parfois « je paierais cher pour revivre ces moments », mais le temps ne s’achète pas, « carpe diem ». Une fois lancé dans sa carrière professionnelle, la roue de la vie tourne, et vite… et on en vient à envier ces jeunes qui aujourd’hui s’instruisent sur les bancs des écoles agricoles bretonnes. Peut-être ne se rendent-ils pas compte de leur chance, ou peut-être sont-ils conscients qu’ils écrivent là sans doute les plus belles pages de leurs cahiers de souvenirs.

Fanch Paranthoën

Les retrouvailles de 2024 pour la classe de 1984
… et les retrouvailles en 2024.

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