Pénurie de main-d’œuvre, difficulté de renouvellement des générations, etc. Et si l’avenir imaginait une agriculture sans agriculteurs. Le début d’année invite à une telle audace de l’esprit. Alors, explorons cette hypothèse, entre utopie et dystopie…
L’essor de la robotique, de l’intelligence artificielle (IA) et de la biotechnologie métamorphose déjà le métier d’agriculteur depuis plusieurs années. Robots, drones et IA permettent aujourd’hui de planter, désherber, récolter, surveiller les cultures et optimiser les intrants en fonction des besoins des sols, nourrir les animaux, etc. Les avancées futures pourraient encore réduire de façon drastique la place du travail humain dans les fermes. Après tout, des robots opèrent déjà à distance certains patients dans les hôpitaux. Alors pourquoi pas un « paysan dépaysé » pilotant ses machines depuis un autre territoire ou même un autre continent.
Mais l’agriculture est plus qu’une simple production. Elle façonne le vivant et incarne une interaction intime entre l’homme, le sol, les animaux et plus largement les écosystèmes. Les savoir-faire, souvent liés à des contextes locaux, ne peuvent être intégralement reproduits par des algorithmes. Une automatisation totale soulèverait aussi des questions éthiques majeures : qui porterait les responsabilités des impacts sociaux et environnementaux de ces systèmes ?
Enfin, l’agriculteur joue un rôle clé dans la gestion des territoires, la préservation des paysages et l’animation zones rurales. Ces missions, fondamentalement humaines, ne peuvent être remplies par des machines.
Si une agriculture sans agriculteurs est techniquement concevable, elle est loin d’être désirable. Les technologies doivent épauler le travail humain, non le supplanter, afin de préserver la richesse culturelle, sociale, environnementale qui donne sens à nos campagnes, et, en fin de compte, à nos vies.