Dossier technique

Un nouveau souffle pour la petite méthanisation

Un procédé de récupération, d’épuration mobile et de stockage de biogaz grâce à une couverture de fosse découvert en Angleterre ouvre la voie au développement d’une méthanisation passive sur des exploitations laitières de taille moyenne.

couverture de fosse biogaz - Illustration Un nouveau souffle pour la petite méthanisation
En arrière plan, le stockage de biogaz sur fosse ; en premier plan le rack de biométhane après épuration et juste derrière l’épurateur mobile

En mars 2024, une dizaine de personnes (élus Chambre d’agriculture, membres de l’association des méthaniseurs bretons, conseillers méthanisation de la Chambre d’agriculture…) se sont rendues en Angleterre pour découvrir les solutions de méthanisation passive proposées par le constructeur Bennaman qui a été repris dernièrement par New Holland. « Le concept est la couverture intégrale de la fosse à lisier afin de récupérer le biogaz produit. Nous avons visité un élevage dont la fosse rectangulaire est équipée de ce système. En Angleterre, la majorité des fosses sont carrées ou rectangulaires », indique Hervé Gorius, chargé de mission énergie à la Chambre d’agriculture.

Il n’y a pas forcément besoin d’avoir un tracteur au BioGNV sur la ferme

Un épurateur mobile entre 6 fermes

La matière de la fosse est pompée régulièrement pour passer dans un broyeur afin d’optimiser le pouvoir méthanogène et créer une circulation favorable à la production de biogaz. « Le biogaz produit est ensuite envoyé dans une unité de filtration composée de filtres à charbon actif pour éliminer une grande partie du soufre. Ce biogaz filtré est ensuite stocké dans une poche souple au-dessus de la fosse. La capacité de stockage est d’environ une semaine de production », explique Hervé Gorius. Le biogaz peut ensuite servir à alimenter un cogénérateur qui va produire de l’électricité pour de l’autoconsommation sur l’élevage. L’autre solution est d’utiliser le biogaz pour le transformer en carburant Bio GNV. « Il faut alors épurer le biogaz pour en faire du Bio GNV qui sera ensuite comprimé et stocké en bonbonnes. New Holland a racheté le constructeur Bennaman car il commercialise déjà le tracteur fonctionnant au biogaz. » Le concept est basé sur un épurateur mobile qui va épurer, comprimer et stocker sur une journée la production de biogaz d’une semaine pour une ferme de 120 à 150 vaches. Le coût de cet épurateur est donc mutualisé entre 6 fermes.

200 000 € pour la couverture de fosse

« L’idée qui nous intéresse pour un développement en Bretagne et en France est bien ce système d’épuration mobile. Le Bio GNV se développe pour de la mobilité territoriale et il n’y a pas forcément besoin d’avoir un tracteur au Bio GNV sur la ferme car les bonbonnes de carburant peuvent aussi servir à alimenter des stations au Bio GNV », précise Hervé Gorius. Cette nouvelle solution pourrait permettre de démocratiser la petite méthanisation auprès d’exploitations ne souhaitant pas surinvestir pour construire une grosse unité de méthanisation. C’est aussi un bon moyen de couvrir les fosses, réduire les émissions de gaz à effet de serre et de décarboner la production laitière. « La société anglaise annonce un prix de 200 000 € pour la couverture d’une fosse rectangulaire équivalent au stockage d’un troupeau de 150 laitières. Ils travaillent actuellement sur le développement d’une couverture de fosse ronde qui est le standard en France. La partie épuration mobile se ferait en prestation de service. Cette partie épuration mobile et la mutualisation de son coût sont capitales pour la faisabilité des projets. Nous cherchons des complémentarités avec la société Nénufar qui a travaillé sur un système avec épuration fixe dont le coût total est estimé à 500 000 € ce qui est très long à amortir puisqu’il n’y a pas d’aides mis à part sur la couverture de fosse. »

Nicolas Goualan

Produire 50 % des besoins en carburant et en électricité de la ferme

En Angleterre, la production de biogaz d’une exploitation de 120 laitières restant 8 mois de l’année en bâtiment va générer l’équivalent de 15 tonnes de Bio GNV. Cela correspond à 1 000 heures avec le tracteur au biogaz de New Holland soit 150 pleins ce qui couvre 50 % des besoins en carburant de la ferme. L’autre partie de la production de biogaz est envoyé vers le cogénérateur qui va produire 50 % des besoins en électricité de l’exploitation. Cela va servir à alimenter en électricité l’épurateur mobile qui est assez gourmand en électricité.


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