Tout a commencé en 1995 quand un groupe d’éleveurs des Côtes d’Armor décide d’investir dans une désileuse automotrice israélienne RMH. « Nous étions deux exploitations à sortir d’un système en libre-service et donc sans système de distribution », se rappelle Éric Juhel, éleveur et président de la Cuma Distriloga. « Les autres étaient surtout intéressés par l’accès à une ration mélangée et de dégager du temps de travail. » Dans la foulée, en septembre 1995, une Cuma spécialisée est créée avec une prestation clé en main. Aujourd’hui, sept adhérents répartis sur 11 sites profitent des services de la machine. Les exploitations sont situées dans un rayon de 28 km autour d’Illifaut (22). La majorité des élevages est équipée de systèmes de traite robotisée, et le troupeau moyen compte environ 80 vaches laitières.
La scie ne défibre pas
Depuis 2015, la Cuma utilise les mélangeuses automotrices de la marque Trioliet. « Nous apprécions particulièrement son système de coupe hydraulique par scie », explique Éric Juhel. « Contrairement à une fraise, il n’y a pas de défibrage et on retrouve également moins de corps étrangers dans le fourrage. La scie doit cependant être changée tous les ans, ce qui coûte environ 3 000 €. » De plus, d’après les adhérents, la qualité du fourrage est meilleure. La dernière machine achetée, la Triotrac 2-2000, est dotée d’une capacité de 20 m3. Chaque année, elle fonctionne environ 1 000 heures.
4 heures par jour
La Cuma emploie un chauffeur à ¾ temps qui travaille 6 jours par semaine. « Le samedi, la ration est doublée car il n’y a pas de service le dimanche. Pour les génisses et les taries, la distribution se fait 3 fois par semaine », indique Éric Juhel. En moyenne, 30 minutes sont nécessaires au chauffeur pour soigner 100 vaches laitières. La tournée complète prend environ 4 heures. « Mais tout dépend bien sûr de l’agencement des bâtiments et du positionnement des différents silos », précise Éric Juhel.
Piloter à distance
Depuis 2019, la Cuma utilise le système de pesée connecté Feedlynk. Dans la cabine, une tablette tactile permet de naviguer de manière intuitive entre les différentes exploitations. Chaque ration est clairement identifiée, et le chauffeur n’a plus qu’à charger la quantité exacte des divers aliments avant de les distribuer. « Chaque adhérent dispose de l’application sur son téléphone et peut, à tout moment, modifier les rations de ses animaux », déclare le président de la Cuma. « La mise à jour se fait instantanément sur la tablette. » Le prix de l’abonnement est de 10 € par mois et par utilisateur.
Une facturation multicritère
La facture s’appuie sur trois critères de paiement répartis de manière équitable : la livraison annuelle de lait, le tonnage de fourrage distribué et le temps passé sur l’exploitation. « Cela permet de lisser la diversité des rations et les contraintes liées à la disposition des bâtiments », ajoute Éric Juhel. Depuis la création de la Cuma, le prix moyen de la prestation proposée est de 14 €/1 000 litres.
Alexis Jamet