Le cercle de réflexion Farm Europe qualifie d’ « Europe à trois vitesses » l’utilisation des aides d’État dans l’agriculture par les capitales européennes. Cette analyse, publiée le 17 décembre 2024, révèle que depuis 2021, plus de 18 milliards d’euros (Md€) d’aides d’État ont été octroyés dans l’Union européenne, soit 11 % des aides du premier pilier de la Politique agricole commune (Pac). Les disparités dans l’attribution de ces aides sont significatives, tant en termes de montants que de priorités sectorielles.
Des pays généreux, d’autres moins
Farm Europe classe les États membres en trois catégories. La première regroupe les pays les plus généreux, comme les Pays-Bas, l’Italie, et la France, où les aides dépassent le milliard d’euros. La deuxième inclut des nations au soutien modéré, comme la Suède et l’Irlande. Enfin, la Belgique et le Portugal figurent parmi les pays ayant le moins recours à ces dispositifs.
Les Pays-Bas se distinguent par leur soutien massif, équivalant à 101 % des aides directes de la Pac. Ce pays surcompense largement la baisse liée à l’inflation, avec un soutien 8 fois supérieur à cette réduction. À l’inverse, des pays comme la France et l’Allemagne, malgré des montants conséquents, compensent moins efficacement la perte de valeur des aides.
Manque d’équité
La majeure partie des aides (74 %) a été mobilisée pour répondre aux crises, avec un accent particulier sur la pandémie de Covid-19. En 2024, les dispositifs de crise et de transition deviennent dominants, tandis que les aides structurelles hors crise augmentent de 77 % entre 2021 et 2023. L’élevage reste le secteur principal bénéficiaire, recevant 5,27 Md€, soit 38 % des aides totales.
Cette étude souligne l’inégalité structurelle dans l’attribution des aides agricoles, posant des questions sur l’équité et l’efficacité des soutiens au sein de l’UE.
Agrapresse
Focus sur les aides de crise
Les aides en réponse à la pandémie de Covid-19 représentent 6 milliards d’euros, soit 43 % des aides totales. En 2024, le dispositif temporaire de crise et de transition devient central, captant 33 % des financements. Cette prédominance illustre la tendance des États membres à privilégier les réponses d’urgence au détriment des investissements structurels.