Initialement en mode de production conventionnel, la ferme de la Raudais était passée en bio à partir de 2016, « à l’initiative de ma sœur qui s’est finalement lancée dans la production de fromages en Mayenne », a cadré Rémi Goupil lors d’une journée autour de la valorisation des veaux laitiers en bio organisée par Agrobio 35 et le Gab 22 l’été dernier.
Contribuer à sauver l’Armoricaine
Peu attiré par la production de lait, l’éleveur s’est orienté vers la viande bovine en vente directe. « Sur l’élevage laitier, il y avait des Montbéliardes avec deux Armoricaines à côté : une race qui était en voie de disparition à la fin des années 70. Comptant 180 femelles quand j’ai commencé, l’Armoricaine en dénombre 1 000 aujourd’hui. »
Le cheptel de Rémi Goupil compte une centaine d’animaux et entre 20 et 30 vêlages par an : la moitié en Armoricaine et l’autre moitié avec des croisées Montbéliarde x Armoricaine et quelques Montbéliardes à côté. « Les vêlages sont groupés, globalement entre le 15 février et le 20 mars. Au printemps, les femelles sont divisées en 3 groupes pour la reproduction, en IA ou monte naturelle. Nous avons 2 taureaux dont un jeune pour les génisses. J’essaie d’aller vers des vêlages à 2 ans. » À partir de l’âge d’un an et demi, les bœufs restent dehors l’hiver avec un autre lot d’animaux légers afin d’éviter de trop charger les bâtiments.
Vente sur la ferme et à des restaurateurs en priorité
Tous les animaux sont élevés sur la ferme, les ventes concernent quelques veaux de 6 – 8 mois, des bœufs de 3 ans environ et des femelles. « J’avais la volonté de maîtriser mes prix », indique l’éleveur qui commercialise tous ses produits en circuits courts : 40 % à la ferme – 2 fois par semaine -, 40 % à des restaurateurs, 10 % à des cantines et 10 % à des Amap ou via d’autres producteurs.
« Je fais abattre un bovin toutes les 2 ou 3 semaines. Il est ensuite transformé par TVR puis vendu au détail dans notre magasin à la ferme. Je vends par ailleurs des demi-carcasses ‘prêtes à découper’ à des restaurateurs. »
Au départ, le producteur proposait des colis de 10 kg uniquement, puis est passé à 8 ou 6 kg, vendus à 18,50 €/kg en moyenne. « Pour savoir quel montant demander, j’ai suivi une formation sur les prix de revient. » Au détail, les prix sont supérieurs. « Les gens peuvent commander en ligne pour que nous puissions préparer en amont et rajouter des produits en venant à la ferme puis payer à la caisse. »
Une maraîchère et un paysan – boulanger sur la ferme
Sur la SAU de 75 ha, 60 ha sont en pâturage pour les bovins dont 30 ha de zones humides. La ferme de la Raudais accueille aussi une maraîchère (légumes diversifiés sur 1 ha) et un paysan – boulanger qui propose notamment du pain et des brioches. « Nous partageons la ferme mais également les repas, les outils, des coups de mains… », évoque Rémi Goupil. « Tous les mardis et vendredis, de 16 h 30 à 19 h, nous organisons un marché à la ferme. Nous avons aussi un dépôt-vente pour d’autres produits bio locaux. » Un salarié en CDI (75 % temps plein) est employé sur l’élevage.
Agnès Cussonneau
Mieux valoriser la viande bovine bio
Des acteurs de l’aval précisent qu’un besoin existe sur les bovins croisés lait – viande voire laitiers en bio, surtout les femelles. Si globalement 70 % de la viande bovine bio est consommée en haché, les bouchers restent attachés aux animaux bien conformés (au moins R =, note engraissement 3, autour de 350 kg de carcasse). Ils sont avant tout intéressés par le rendement de carcasse. Ils écoulent aussi des veaux, avec des poids de carcasse recherchés supérieurs à 110 kg. Les bouchers ont intégré que les veaux peuvent être rosés, mais ne tolèrent pas une viande trop foncée. En RHD (restauration hors domicile), le prix reste une difficulté.« Nous nous sommes penchés sur le marché du veau en 2022/23, plus de 80 % des mâles ne sont pas valorisés en bio », précise Léonie Chabaud, chargée de mission filières agricoles Agrobio 35. « La vision de la viande de veau par le consommateur a notamment été étudiée. Globalement, elle est perçue de manière positive, comme une viande tendre qui convient aux enfants. Pour aider les consommateurs à cuisiner cette viande, nous avons réalisé des carnets de recettes. »