Tout a commencé suite à un contact avec un développeur énergétique durant le Covid. « Nous avons alors avisé tous les agriculteurs de la commune. Chacun s’est renseigné, a posé ses questions et a avancé à son rythme, prenant des contacts avec d’autres développeurs… », explique Simon Bourdin, président du collectif AgriValdi Vert, de la commune de Valdivienne (86). Et finalement 16 agriculteurs décident d’opter pour la société GLHD, spécialisée dans les projets collectifs et acceptant des projets non spécialisés, adaptés à différentes productions animales et cultures.
Pas d’agriculture agro-écologique sans polyculture-élevage
Quatre ans plus tard, le projet avance, les permis de construire ont été déposés et ils espèrent le premier raccordement vers 2027. Ils sont à ce jour 11 agriculteurs engagés (8 exploitations aux différents profils, bio ou conventionnels, en grande culture, légumes de plein champ ou maraîchage…).

20 ha en moyenne par agriculteur
« Nous envisageons d’établir une centrale photovoltaïque sur une surface de 192 ha, sur les 1 600 ha environ que représentent nos exploitations, sur 4 zones de la commune, chaque zone comprenant différents îlots, où chaque agriculteur reste maître de son projet agricole. » La production du projet se monte à 115 GWh (soit l’équivalent de la consommation électrique de 30 000 foyers). Pour 8 d’entre eux, il s’agit de réintroduire de la polyculture-élevage (ovin viande) sur leurs sites spécialisés en grandes cultures. « Pour moi, il n’y aura pas d’agriculture agro-écologique sans polyculture-élevage, ces systèmes seront les plus résilients. » L’agrivoltaïsme devient un outil, un tremplin pour pouvoir faire de l’élevage ensemble, sans subir individuellement les astreintes de cette production. « Sur notre zone, l’objectif est d’avoir de l’herbe l’été dans notre système pâturant. »
Banque de travail
La dimension de l’élevage a été établie pour permettre l’embauche d’un salarié, mais avec la contribution de tous les agriculteurs du collectif, avec un fonctionnement de type banque de temps de travail.
« Au-delà de la diversification que nous avons déjà tous entreprise auparavant sur nos exploitations (pension de chevaux, élagage de route, ETA…) pour un revenu complémentaire, ce projet nous apporte des atouts agronomiques en nous permettant de continuer à nous engager dans l’agriculture de conservation des sols avec le pâturage de nos couverts végétaux… Nous avons de nouvelles techniques à expérimenter et l’élevage est un formidable levier pour réussir tous ces challenges. »
Carole David
Un loyer en contrepartie
Les éleveurs sont engagés actuellement sous forme associative, avec une cotisation à la Fédération française des producteurs agrivoltaïques (FFPA). Dans l’étude de départ 350 ha ont été sélectionnés. Suite aux zones d’évitement, 192 ha ont été retenus au final dans le projet. « Toutes les études préalables ont été prises en charge par GLHD. Pendant ce temps, les agriculteurs se concentrent sur leur projet agricole et c’est la production d’énergie qui s’adapte aux contraintes agricoles, comme pour la construction d’une bergerie dans ce projet », insiste Jérôme Bourgeois, de la société GLHD. Un loyer leur sera proposé en contrepartie des installations solaires dans les parcelles.
Travail sur l'insertion paysagère du projet
Dans le cadre de ce projet à Valdivienne, les porteurs de projet ont fait le choix d’instaurer une démarche de concertation de manière volontaire afin d’enrichir le projet des différentes contributions citoyennes. En vue de récolter les avis et de coconstruire ce projet, différents temps d’échange participatifs ont lieu. La commune a également, dans le cadre de son Plan climat-air-énergie territorial (PCAET), intégré le projet dans un plan paysager.Le dialogue entre les porteurs du projet et les acteurs du territoire, en particulier les habitants, se travaille en continu. Chaque personne intéressée et/ou concernée par le projet peut poser directement ses questions aux représentants de l’association Agri Valdi Vert ou de la société GLHD, leur envoyer des propositions ou des demandes de réunion.
Une solution parmi d’autres
L’agrivoltaïsme peut être un nouveau sujet rassembleur, à l’image du projet à Valdivienne. Se réunir autour d’un projet commun apporte de la solidarité, du lien sur un territoire. C’est l’atout du collectif. Et une force dans la présentation du projet face à tous les interloculeurs. « En moyenne sur tous nos projets, cela concerne environ 10 % de la surface des exploitations, et souvent les moins bonnes parcelles », précise Jérôme Bourgeois, de la société GLHD. Avant d’ajouter : « Face aux charges qui augmentent, aux rendements qui baissent, aux revenus qui stagnent, etc., l’agrivoltaïsme n’a pas vocation à sauver l’agriculture, mais c’est une solution parmi d’autres et qui a toute sa pertinence dans les zones où les contraintes sont plus fortes qu’ailleurs. »