Dossier technique

Hygiène, confort et soins pour la santé des pieds

Gaec du Menhir, à Quessoy (22) - Suivi de parage régulier, traitement collectif des pieds, pose de tapis rainurés, robots aspirateurs à lisier, rénovation des chemins… Les associés jouent la prévention contre la dermatite digitale.

Deux éleveurs autour d'une cage de parage - Illustration Hygiène, confort et soins pour la santé des pieds
Jérémy Caro et Sébastien Duros, autour de la cage 
de parage du Gaec | © Toma Dagorn - journal Paysan Breton

Auparavant, au Gaec du Menhir, le parage avait lieu une fois par an. Trois ou quatre cages étaient installées pour passer tout le troupeau d’un coup. « C’était énormément de stress pour tout le monde, aussi bien pour nous que pour les vaches. Franchement, ce n’était pas la matinée la plus agréable de l’année », témoignent les associés Sébastien Duros, Denis Gibet et Jérémy Caro. Depuis deux ans, le pédicure passe désormais régulièrement, toutes les six à huit semaines, pour voir une quinzaine d’animaux : les vaches à tarir et une ou deux boiteuses. « C’est plus simple et plus efficace. »

Éviter le choix d’un produit toxique

Depuis quelques années, après le passage en logettes et l’achat de quelques animaux à l’extérieur à l’installation du dernier venu, la dermatite digitale est devenue plus visible. Sensibles au bien-être de leur troupeau, les éleveurs s’efforcent de minimiser l’impact de la maladie. « Un pédiluve est efficace à condition qu’il reste propre. Or cela réclame du travail pour le renouveler. D’un autre côté, les systèmes de pédiluve automatique sont coûteux », tranche Sébastien Duros. « Par ailleurs, nous ne voulions surtout pas prendre le risque de travailler avec un produit toxique comme le formol. »

Une lésion détectée est soigneusement nettoyée et désinfectée

Depuis octobre 2023, les associés utilisent donc Bactifeet (distribué par Farm’apro), une solution bactérienne de biocontrôle pour maîtriser la dermatite digitale. Dans la pratique, trois petits sachets de poudre (quantité adaptée pour 120 vaches, les taries et les génisses à la reproduction), conservés au congélateur sont mélangés avec de l’eau quelques minutes avant utilisation. Un colorant alimentaire bleu est ajouté pour que le produit soit visible. Ce dernier étant appliqué sur les pieds des animaux à la traite à l’aide d’un petit pulvérisateur électrique. Ce traitement collectif est réalisé « de manière protocolaire » tous les mardis matin. « Il n’éradique pas la maladie. Mais les bactéries apportées viennent concurrencer les germes responsables de la dermatite pour empêcher sa propagation. » Parallèlement, quand une lésion est détectée, elle est soigneusement nettoyée et désinfectée : une cage de parage à commande électrique est positionnée à la sortie du roto pour pratiquer facilement ces soins individuels et poser un pansement. « J’ai suivi deux jours de formation. Nous faisons un peu de parage au cas par cas dans la mesure de nos compétences. Si c’est plus sérieux, le vétérinaire ou le pédicure prennent le relais », précise Jérémy Caro.

La main d'un éleveur en train de pulvériser une solution de biocontrôle sur les pieds de ses vaches dans une salle de traite
La pulvérisation de la solution de biocontrôle se fait à la traite

Pour accompagner la première année d’utilisation de la spécialité de biocontrôle, une technicienne du fabricant Nolivade passe une fois par trimestre, le temps d’une traite, détecter et enregistrer les lésions et leur stade sur chaque animal. « Les relevés montrent une amélioration de la situation au fil du temps. Les jeunes vaches notamment semblent rester saines plus longtemps », rapporte Sébastien Duros.

Des chemins en bon état

Côté hygiène du bâtiment, depuis décembre 2020, deux aspirateurs à lisier (Lely) prennent en charge le nettoyage des aires d’exercice. « Auparavant, il fallait compter 25 minutes tous les matins pour raboter à l’aide d’une chargeuse compacte. Et parfois, les vaches salissaient à nouveau les surfaces dans la foulée. Avec le passage régulier des automates, les sols sont plus propres. »

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Le robot aspirateur passe nettoyer les sols couverts de caoutchouc

Les extérieurs n’ont pas été oubliés. Pour le confort des pieds, les chemins vers les 20 ha à pâturer ont été rénovés il y a cinq ans. Sur les buttes, les terrains les plus séchants permettent de sortir le troupeau dès février, voire janvier certaines années. « L’automne dernier, nous avons aussi bitumé les 25 m à la sortie du bâtiment qui sont toujours une zone qui se dégrade davantage et peut impacter la santé des onglons. De temps en temps, nous y passons le tracteur et le rabot pour nettoyer. » Les associés notent que les efforts menés portent leurs fruits. « Il y a moins de boiteries dans le troupeau. Et les poses de talonnette par le pédicure sont rares. »

Toma Dagorn

Un sol souple en faveur de l’expression des chaleurs

Dans l’étable, les bétons avaient 21 ans. « Ils étaient scarifiés tous les 5 ou 6 ans pour garantir de l’adhérence aux animaux, mais à chaque fois cela enlevait quelques millimètres. Après le chantier, c’était un peu dur pour les pieds des vaches, la corne s’usait prématurément pendant une période. » La dalle étant vraiment en bout de course, en juin 2024, les associés ont donc investi 50 000 € pour couvrir les 750 m2 d’aire d’exercice d’un revêtement caoutchouc rainuré (Bioret). S’ils concèdent que le chantier de pose a été « une petite corvée » (deux jours de travail à 8 personnes avec une assistance du fournisseur), les éleveurs sont ravis du résultat. « Les tapis ressemblent davantage au sol des prairies, c’est plus souple et moins froid qu’un béton. Il faut d’ailleurs être vigilant à l’adaptation des primipares aux logettes pour éviter qu’elles ne prennent les couloirs comme couchage au départ. » Auparavant, quand une vache était en chaleur, il y avait beaucoup moins de chevauchements sur les bétons. « Il ne fallait pas les rater. Désormais, les animaux sont plus à l’aise sur leurs pattes, les manifestations sont plus nombreuses »


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