Saint-Alban (22)
En 2007, Benjamin Benoit s’est installé sur la ferme familiale. À l’époque, le cœur de l’activité est la production laitière. Cependant son grand-père avait déjà redémarré la fabrication de cidre. Puis son père, dans un souci de diversification, avait poursuivi son développement. « Avec les moyens du bord, le volume a progressivement augmenté. Peu à peu, nous nous sommes professionnalisés sur le suivi des vergers, le pressage et l’élaboration des cidres. Au fil du temps, les étiquettes ont évolué, le marketing autour de notre marque Le Lamballais a progressé. » Et finalement, en 2021, le Costarmoricain a décidé de ne plus se consacrer qu’à l’arboriculture et à la valorisation des pommes. La cidrerie s’est alors détachée de l’exploitation agricole historique et a déménagé à quelques encablures à Saint-Alban (22).
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Améliorer les conditions de travail
« Sur ce nouveau site, le volume du bâtiment a permis de mettre en place une marche en avant de la production, de rassembler toutes les cuves, de moderniser l’outil en installant une chaîne d’embouteillage et ainsi d’améliorer sensiblement les conditions de travail », soulignent Aurélie et Benjamin Benoit qui emploient trois salariés. « Nous sommes désormais plus réactifs. L’activité de l’équipe est organisée autour des mises en bouteilles. L’idée est de tout faire de A à Z, du verger au consommateur. » Cela a donné un vrai coup d’accélérateur à leur activité. « Mon grand-père sortait 2 000 à 3 000 bouteilles de cidre par an. En 2005, mon père produisait 30 000 bouteilles. Aujourd’hui, tous produits confondus, nous commercialisons 200 000 bouteilles », retrace le Costarmoricain qui conduit 15 ha de vergers en agriculture biologique (au total, les pommes de 20 ha sont transformées). Le mois prochain, 12 ha seront plantés en pommiers à cidre basse tige pour renouveler à terme le parcellaire – il faut sept ans pour que les arbres donnent – et assurer l’autonomie d’approvisionnement.


Cidres de concours
La cidrerie valorise une quinzaine de variétés bretonnes comme la Kermerrien, la Rouget de Dol, la Canari de Lamballe… « Le Lamballais est un cidre fermier : 100 % pur jus issu de pommes du secteur, sans aucun ajout d’eau ou de concentré… », tient à rappeler Benjamin Benoit. Après le triage manuel et le pressage, l’élevage est réalisé en cuves traditionnelles fibres ou inox, voire en fûts de chêne pour les cuvées haut de gamme. À l’arrivée, les producteurs proposent quatre cidres bruts différents. « Nos produits ont du caractère : du fruité, des notes fermières et de la puissance en bouche. » Une qualité gustative que la famille Benoit a toujours apprécié faire évaluer par des jurys. En 1995, le grand-père de Benjamin avait décroché une médaille de bronze au concours régional des cidres bretons. Dix ans plus tard, son père obtenait une médaille d’or pour son cidre brut aux Terralies, le salon départemental de l’agriculture. En 2015, Benjamin, lui, obtenait une première médaille d’or au Concours général agricole (CGA) de Paris dans la catégorie des cidres IGP Bretagne.
Le coup de pouce de la médaille
Depuis, la cidrerie Benoit a pris l’habitude de rapporter des distinctions du Salon de l’agriculture : quatre médailles en 2022, une en 2023, trois en 2024… « Les médailles sont avant tout une reconnaissance pour toute l’équipe pour le labeur de l’hiver du ramassage des pommes jusqu’au travail à la cave. Elles viennent récompenser notre savoir-faire et notre engagement au quotidien », expliquent Aurélie et Benjamin Benoit.
La médaille est un repère rassurant
« Commercialement, elles sont aussi un repère pour attirer de nouveaux consommateurs qui ne connaissent pas notre marque ou rassurer les restaurateurs et crêpiers qui refont leur carte. » Et Benjamin de reprendre : « Les gens aiment le cidre mais oublient d’en acheter… Comme notre filière est sous-représentée dans les médias, l’obtention de prix permet à chaque fois de faire parler du cidre. » Cette année, quatre produits seront présentés au CGA. La famille Benoit croise les doigts.
Toma Dagorn


Visites-dégustations en été
L’activité des cidriers est très saisonnière. « Nous vendons 40 à 50 % de notre production en juillet et août », calcule Benjamin. À noter que 20 à 25 % de la production sont écoulés en vente directe à la boutique. Le site de la cidrerie est stratégique, dressée au bord de la D791 entre le secteur très touristique de Pléneuf-Val-André qui dépasse les 20 000 habitants l’été et Lamballe-Armor et la RN 12. « Beaucoup de gens nous repèrent en passant. Notre cidre est également présent dans toutes les crêperies sur la côte », sourient les producteurs. Pour expliquer comment « une boisson de paysans est devenue uns boisson de dégustation », en période estivale, des visites guidées à la découverte de l’univers cidricole sont proposées les mardis et les jeudis. « Les gens réservent en ligne. C’est une animation qui fonctionne bien. Lors de l’été pluvieux de 2024, nous avons eu quatre fois plus de visites que l’année précédente », explique Aurélie. Tout se termine par une dégustation dans la boutique lumineuse où toute la gamme est présentée : jus de pomme, cidres, eaux-de-vie, apéritif breton, vinaigres aromatisés…