Dossier technique

Le côté pratique du pédiluve automatique

Gaec Ville Normand, à Bourseul (22) - Très pénalisés par les boiteries provoquées par des maladies infectieuses, les associés ont parié sur un pédiluve automatique. La santé des pieds s’améliore.

Une éleveuse et un pédicure pour bovins autour d'une cage de parage contenant une vache Prim'Holstein - Illustration Le côté pratique du pédiluve automatique
Maryline Bouvier et le pédicure Martial Turbiaux. | © Toma Dagorn - journal Paysan Breton

Auparavant, les quatre associés du Gaec Ville Normand avaient pour habitude de mettre en place un bain de pieds désinfectant deux fois par semaine. Pour ce faire, ils utilisaient quatre bacs qui s’emboîtaient. Fin 2022, pour garder la stabulation plus propre, un robot racleur Mirobot et ses sept passages par jour était aussi venu remplacer le rabot derrière le tracteur. Mais la période de travaux précédant le lancement de la traite automatisée (en mai 2023) a perturbé les habitudes. « Nous avions moins de main-d’œuvre disponible. Le planning de travail était chargé. Les pédiluves n’étaient plus faits que toutes les trois semaines », rapporte Donatien Bouvier. Les répercussions n’ont pas tardé. La dermatite digitale a alors pris d’assaut les pieds des vaches. « Au printemps 2024, un audit boiterie réalisé par un technicien du GDS (Innoval) a montré que 75 % des animaux étaient atteints. Nous avions l’impression de voir partout des vaches qui levaient la patte pour soulager un appui douloureux », se rappelle Maryline Bouvier, sa mère. Bien embêtés par les boiteries, les éleveurs ont essayé différentes solutions pour lutter contre l’impact de la maladie. Comme un chariot de pulvérisation jugé « contraignant » quand il y a 125 animaux à bloquer au cornadis.

On regagne du terrain sur les boiteries

Bain de pieds à la porte de tri

À la recherche d’une solution pratique, les Costarmoricains ont visité un élevage d’Ille-et-Vilaine équipé d’un pédiluve automatique Hoofcount (distribué par Agro-concepts). Dans la foulée, ils ont investi 10 000 € dans l’outil en mai 2024. Il a été positionné à un endroit stratégique : au niveau de la porte de tri par laquelle passent toutes les vaches une fois traites au robot pour rejoindre leur lot respectif. Habituées à passer par les box des automates, elles ont adopté le bac à bain de pieds au fond antidérapant en 24 heures. Il mesure 1,8 m de long. Les animaux, ralentis par le délai d’ouverture de la barrière devant, y passent sereinement en posant bien les pieds dans le liquide. « Le pédiluve installé, nous l’avons fait fonctionner tous les jours. Nous avons constaté une amélioration de l’état des pieds des vaches. Il n’y avait plus d’animaux à lever la patte pour se soulager », témoigne Donatien Bouvier. Surtout, les associés se sont laissé surprendre en tombant en rupture de désinfectant. « Pendant trois semaines, le pédiluve a été arrêté. Nous avons vite vu la différence : les boiteries sont reparties de plus belle. »

Les vaches retrouvent de la mobilité

Un compteur relève chaque passage d’un animal par le pédiluve. Le bac est programmé pour se vidanger, se nettoyer et se remplir à nouveau de désinfectant plusieurs fois par jour. Ainsi la solution demeure plus propre, gage d’efficacité. « Quelques semaines après la mise en service du pédiluve, nous avons observé que les passages par la porte intelligente à l’échelle du troupeau avaient grimpé de 750 par jour à plus de 1 000. Cette augmentation de la circulation montre que les vaches ont retrouvé de la mobilité. » Maintenant que la santé des pattes progresse, les associés aimeraient abandonner le traitement quotidien pour limiter le coût de la prévention. « La cuve de 1 000 L à 2 500 € a permis de traiter tous les jours pendant près de 6 mois. Reste maintenant à trouver la bonne fréquence de bain pour que la dermatite digitale reste sous contrôle », termine Donatien Bouvier.

Toma Dagorn

Fini le festival de pansements

Depuis trois ans, pour aider à éteindre l’incendie, Martial Turbiaux passe désormais toutes les 6 à 8 semaines. « Au Gaec, je soigne avant tout des lésions liées à des maladies infectieuses comme la dermatite digitale ou le fourchet. Il y a également quelques cas de nécrose », explique le pédicure de Farago (Innoval). L’observateur note quand même une nette amélioration de la santé des pieds. « Avant, c’était le festival du pansement. Toutes les vaches vues y avaient le droit. » Désormais, il note que les lésions sont moins nombreuses et à des stades moins douloureux pour les animaux. « Il y a encore un an, les 25 vaches présentées étaient des cas urgents. Aujourd’hui, on regagne du terrain sur les boiteries et les éleveurs arrivent à me glisser dans le lot les vaches prêtes à tarir pour une intervention préventive. C’est bon signe. »


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