Les précautions pour épandre l’engrais à la bonne largeur

Les distributeurs centrifuges sont capables de répartir l’engrais sur de grandes largeurs à condition de connaître précisément ses caractéristiques, de respecter les réglages et les conditions d’applications.

Homme mesurant la hauteur de travail entre le sol et un épandeur d'engrais - Illustration Les précautions pour épandre l’engrais à la bonne largeur
Un épandeur d’engrais ne peut travailler à la bonne largeur que s’il est positionné 
à la hauteur préconisée par rapport au sol ou à la végétation.
 | © Kuhn

36 mètres, c’est désormais une largeur de travail courante pour les épandeurs d’engrais centrifuge, certains appareils étant capables d’atteindre les 50 mètres. Les interventions en grande largeur sont toutefois conditionnées par le respect de plusieurs paramètres pouvant fortement influencer la trajectoire de l’engrais. N’oublions pas que l’épandage centrifuge est une affaire de balistique. Plus les granulés vont loin, plus la nappe d’épandage est potentiellement impactée par un défaut de qualité de l’engrais, des conditions venteuses ou encore des réglages inadaptés de l’appareil.

Attention aux conditions de stockage de l’engrais

Bien caractériser l’engrais

La connaissance des caractéristiques de l’engrais est sûrement le premier critère à respecter. C’est en effet un préalable pour bien régler le distributeur. Le cas idéal se présente lorsque sa référence est répertoriée dans la base de données du constructeur. Il suffit de se référer aux réglages préconisés. Les choses se compliquent lorsque l’agriculteur n’a pas d’informations précises. Les constructeurs mettent alors à disposition différentes méthodes pour caractériser l’engrais et trouver des paramètres de réglage approchants. Outre les kits permettant d’évaluer la granulométrie et la densité du fertilisant, les applications mobiles accompagnent l’utilisateur dans la description de l’engrais en proposant, par exemple, une comparaison visuelle avec des produits connus ou encore l’envoi de photos de l’engrais à caractériser. Certaines marques offrent la possibilité d’envoyer un échantillon d’engrais, qui sera analysé pour fournir des préconisations plus précises.

Penser au test des bacs

Dans tous les cas, s’il est aisé d’atteindre les 36 mètres avec un ammonitrate, cela ne sera pas envisageable avec toutes les urées, selon leur qualité. Mise en avant pour ses propriétés réduisant la volatilisation de l’azote, l’urée inhibée s’avère encore plus sensible à épandre, sa couche protectrice se déposant sur les pales et impactant le flux d’engrais. Pour toutes les situations un peu complexes, le contrôle de répartition avec des bacs reste la méthode la plus sûre pour valider la largeur d’épandage. Attention aussi aux conditions de stockage de l’engrais. Soumis à une forte humidité, il risque de ne plus offrir les mêmes qualités que le produit testé par le constructeur.

Le respect des tableaux de réglage ne suffit pas à garantir la largeur de travail. Point névralgique de l’épandeur, les disques et leurs pales doivent être en bon état. Attention aussi à sélectionner le bon modèle en fonction de la largeur retenue, le réglage de cette dernière étant effectué dans la plupart des cas par une modification du point de chute de l’engrais sur le disque.

Respecter la hauteur de travail

La bonne position de l’appareil conditionne également le respect de la largeur. Cela passe par un réglage adapté de la longueur des chandelles du relevage et du troisième point, mais aussi par un verrouillage des stabilisateurs. L’horizontalité de la machine peut être influencée par l’écrasement des pneus arrière du tracteur, d’où l’importance de contrôler leur pression. Enfin, chaque constructeur préconise une hauteur de travail par rapport au sol ou à la culture, avec la possibilité de donner de l’angle à l’épandeur lors des derniers apports quand la végétation est haute. À noter que les appareils Bogballe font exception en nécessitant un réglage de l’inclinaison pour chaque modification de la largeur de travail.

Une fois la check-list des réglages réalisée, un dernier paramètre peut compromettre l’épandage : la vitesse du vent. Comme pour un pulvérisateur, inutile d’entrer dans la parcelle si celle-ci dépasse 19 km/h.

Michel Portier

Repères : Huit applis proposées par les constructeurs ; Bogballe Spread Charts, Kverneland Spreading Charts, Maschio Gaspardo My MG, Amazone Amaconnect, EasyCheck et EasyMix, Kuhn Spreadset, Sulky Fertitest.

La vitesse et le vent sous contrôle

Certains constructeurs ont développé des dispositifs corrigeant les effets du vent ou de la vitesse d’avancement sur la nappe d’épandage. Constatant qu’au-delà de 15-20 km/h, l’allure du tracteur modifie la trajectoire des granulés et déforme la nappe, Sky a développé le Speed Control, qui modifie le point de chute sur les disques en fonction de la vitesse d’avancement. D’autres constructeurs comme Kuhn estiment maîtriser l’effet dose lié à l’augmentation de la vitesse grâce à la conception de leurs trappes. Avec le WindControl, Amazone embarque un anémomètre sur l’épandeur, de façon à corriger la courbe d’épandage en fonction de la vitesse du vent. Le système modifie indépendamment pour chaque disque, sa vitesse de rotation (grâce à leur entraînement hydraulique) et le point de chute de l’engrais. Amazone a aussi développé l’ArgusTwin, qui analyse la trajectoire de l’engrais à la sortie des disques à l’aide de capteurs. Celui-ci corrige les effets des variations physiques de l’engrais, de l’encrassement des aubes ou encore des pentes et dévers. Ces assistances ne dispensent pas l’utilisateur d’un contrôle de largeur de travail réelle avec des bacs.


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