« L’herbe, ça se cultive »

La qualité et le rendement de l’herbe ne doivent rien au hasard. Fertilisation adaptée, diversité des espèces, gestion du pH… Plusieurs leviers existent pour optimiser une prairie et en tirer le meilleur parti.

vaches prim'holstein au pâturage - Illustration « L’herbe, ça se cultive »
La consommation de fourrages déséquilibrés en minéraux et en matières azotées peut impacter la santé du troupeau. | © Alexis Jamet - Paysan Breton

Pour nourrir un ruminant, quoi de mieux que d’utiliser la plante parfaite, celle qui coche toutes les cases : appétence élevée, besoins faibles en fertilisation, tolérance à la fauche et à la pâture ou encore grande pérennité ? Si cette plante miracle n’existe malheureusement pas, une culture s’en approche néanmoins. La prairie multi-espèces.

Cependant, pour Christophe Sudraud, vétérinaire en Saône-et-Loire, « l’herbe se cultive » et plusieurs leviers sous-estimés peuvent accroître sa qualité et son rendement, avec un impact direct sur la santé du troupeau.

L’azote minéral n’est pas le moteur des prairies

Ne pas tout miser sur l’azote

« Les prairies ne sont pas correctement fertilisées », lance Christophe Sudraud lors de l’assemblée générale de l’association Base. « L’azote minéral n’est en aucun cas le moteur des prairies. La fertilisation minérale doit avant tout être orientée vers d’autres éléments. » Par exemple, le cobalt initie la création des nodosités, le calcium multiplie les rhizobiums, le molybdène favorise le fonctionnement des nodules, et le fer est lié à la nitrogénase. Enfin, le potassium et le phosphore contribuent au développement des légumineuses et des graminées tout en inhibant l’implantation des espèces de moindre qualité fourragère. « En négligeant ces apports, les sols s’appauvrissent progressivement, et les rendements ainsi que la qualité du fourrage sont impactés. »

Concernant sa composition, une prairie optimale ne doit comporter que 30 à 40 % de légumineuses. « Malgré leurs capacités symbiotiques, elles restent des plantes d’accompagnement. Les bovins consomment avant tout les graminées, qui assurent aussi le rendement. » En outre, plus une prairie possède d’espèces différentes, plus elle est productive et résiliente. « Les graminées forment un couvert dense qui joue un rôle contre l’apparition des adventices », ajoute le vétérinaire.

Viser un pH neutre

La gestion du pH du sol est cruciale pour le développement de l’herbe et de ses racines. En effet, dans les sols acides, la solubilité aluminique augmente, ce qui impacte les graminées, plus sensibles à cette toxicité que les légumineuses. « Dans un sol dont le pH est inférieur à 6, on ne retrouvera jamais de ray-grass anglais », affirme Christophe Sudraud. De plus, le rendement fourrager d’une prairie est étroitement lié à son pH. Plus ce dernier sera proche de 6,5-6,8, plus la prairie exprimera son plein potentiel.

Alexis Jamet

Exclure la féverole ?

« Je ne suis pas favorable à l’utilisation de féverole dans des mélanges destinés à l’alimentation des vaches », déclare Christophe Sudraud. « La tige est peu digestible et l’état sanitaire des feuilles après récolte est souvent mauvais. » Des analyses ont d’ailleurs montré une forte concentration de moisissures et de bactéries sur des feuilles de féverole, même si toutes ne sont pas forcément pathogènes. « Un jour, un ancien m’a dit qu’il désherbait sa féverole en mettant ses moutons dedans. Pourquoi donc nourrir les animaux avec une plante qu’ils ne mangent pas naturellement ? »


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article