Dossier technique

L’indexation ‘santé des pieds’, un outil complémentaire

Des index ‘santé des pieds’ sont désormais utilisables en Holstein, Normande et Montbéliarde. La sélection sur ce critère ne permettra pas de tout résoudre mais elle aura un effet positif, se cumulant au fil du temps.

Un pédicure pour bovins en train d'enregistrer des données sur une tablette nunmérique derrière sa cage de parage. - Illustration L’indexation ‘santé des pieds’, un outil complémentaire
Les pareurs ont été formés pour que leurs enregistrements soient harmonisés. | © Toma Dagorn - journal Paysan Breton

Les causes environnementales (conduite de l’éleveur, bâtiment, alimentation, suivi sanitaire…) sont dominantes dans les boiteries, mais le monde de la sélection s’est aussi emparé de cette problématique majeure pour tenter d’y trouver une réponse génétique. Aujourd’hui, des index portant sur sept caractères concernant la santé des pieds sont diffusés par les OS (organismes de sélection) en Holstein et Normande. En Montbéliarde, des index sont aussi disponibles via Umotest.

« Il est intéressant de sélectionner sur les caractères de santé ou de robustesse car, très fréquemment, ils sont associés négativement à la production laitière. Des compromis doivent donc être faits pour ne pas voir se dégrader ces caractères », commence Sophie Mattalia, cheffe du service méthodes d’évaluations génétiques et applications de l’Institut de l’élevage.

Forte variabilité génétique sur la santé des pieds

« La santé des pieds est un caractère peu héritable mais quand on sélectionne dessus, il se cumule dans le temps. D’autre part, il existe une forte variabilité génétique entre animaux donc des marges de progrès existent en sélectionnant les meilleurs individus sur ce critère. »

Un cumul génétique sur la santé des pieds

Par ailleurs, « la génomique nous a permis d’avancer plus vite et désormais le ‘single step’ offre de la précision. Cette technique permet de déterminer la valeur génétique d’un individu en fusionnant la performance, le génotypage et la généalogie dans une seule étape de calcul. » Autant de perspectives pour activer plus rapidement le levier génétique sur tel ou tel critère.

« Par le passé, les organismes de sélection avaient déjà travaillé sur des index morphologiques comme l’épaisseur du talon et l’angle au jarret, mais ces données ne correspondent qu’à une petite partie des problèmes de boiterie. » Depuis une dizaine d’années, l’UMT eBis (partenariat entre l’Inrae, l’Idele et Eliance sur la sélection bovine) travaille sur la mise en place de nouveaux index ‘santé des pieds’, en se basant sur l’expérience des pays nordiques et des Pays-Bas. L’exemple du Danemark notamment intéresse : « Des visites de parage préventives très cadrées y ont permis de générer une base de données solide pour construire des index. »

Un atlas qui regroupe toutes les lésions podales

Un travail international auquel la France a activement participé a permis la création d’un atlas de la santé du pied où toutes les lésions podales sont décrites. « Les pareurs ont ensuite été formés pour que leurs enregistrements soient harmonisés. » Les programmes menés par Évolution (désormais Synetics) et Gènes diffusion sur ces thématiques ont par ailleurs été regroupés pour pouvoir disposer d’un volume de données robuste.

Agnès Cussonneau

La santé des pieds pèse désormais 6 % de l’Isu Holstein

En 2024, les deux OS Holstein (Synetics et Gènes diffusion) ont réformé la composition de l’Isu de la race pour y intégrer un index de synthèse de santé des pieds (STPI), à hauteur de 6 %. Le STPI est composé d’un sous-index concernant les lésions d’origine infectieuse (SLI) comprenant la dermatite digitée (DER), la limace (LM) et l’érosion de la corne du talon (ER). En race Holstein, il pèse 60 % dans la synthèse. Le second sous-index concerne les lésions mécaniques (SLM) : ouverture de la ligne blanche (OLB), ulcère de la sole (US), bleime circonscrite (BLC) et bleime diffuse (BLD).Dans le nouvel Isu Holstein, le poids de la production a par ailleurs été renforcé de 2 % car l’arrivée de nouveaux caractères ces dernières années avait ralenti le progrès sur ce critère, la vitesse de traite a aussi été augmentée de 2 %. La santé de la mamelle qui avait bien progressé a été revue à la baisse, de – 2 %, tout comme la longévité (- 3 %) qui peut être influencée par d’autres caractères comme la STPI.


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