La conscience écologique et la prise en compte des limites planétaires auraient pu mener à une gestion plus rationnelle des ressources. Il n’en est rien. Au contraire, la transition énergétique, l’essor des pays émergents et l’explosion des besoins en métaux rares ou en terres arables attisent une guerre économique sans précédent. Une course qui ne repose plus sur la simple loi du marché, mais sur une logique de captation.
Là où l’on achetait autrefois des matières premières sur les marchés mondiaux, les grandes puissances et multinationales cherchent désormais à les verrouiller à la source. L’appropriation des ressources est devenue un levier de puissance.
L’ère de la prédation a commencé.
L’agriculture elle-même n’échappe pas à cette dynamique. Le besoin croissant en protéines animales, l’expansion des cultures énergétiques et la spéculation foncière transforment les terres arables en actifs financiers. À mesure que les nations renforcent leurs stratégies d’autosuffisance et que les entreprises se comportent en prédateurs territoriaux, l’alimentation devient un enjeu de pouvoir.
Le monde est entré dans une ère de rareté où la question n’est plus seulement de produire, mais de sécuriser l’accès aux ressources. Les règles du jeu changent. Le multilatéralisme appartient désormais au monde d’avant – celui où l’on croyait encore que les ressources étaient infinies–.
Désormais, ceux qui ne contrôleront pas leurs approvisionnements se retrouveront sous la coupe des nouveaux empires. Ainsi Trump, entouré de ses vassaux, ne s’embarrasse plus de faux-semblants : la prédation est devenue la norme. Nous ne sommes plus dans un monde d’anticipation, mais bien dans une dystopie en temps réel. Et à ce rythme, la géopolitique des ressources pourrait bien ressembler à un scénario tout droit sorti de Mad Max.
