L’agrivoltaïsme a commencé à susciter de l’intérêt en France au début des années 2010. Cependant, cela a réellement pris de l’ampleur à partir de 2016 avec l’émergence de projets pilotes et l’augmentation des recherches sur cette pratique. La profession agricole bretonne se bat depuis le début pour qu’il existe un cadre, garantissant la primauté de l’activité agricole sur la production d’énergie. La loi Aper de mars 2023 et le décret du 8 avril 2024 ont posé des bases réglementaires. Elle a été complétée en Bretagne par une doctrine régionale, qui détermine la feuille de route autour de ce sujet.
La souveraineté alimentaire doit primer sur celle énergétique
1 MWc maximum
« L’agrivoltaïsme peut être une source de revenu, mais elle doit rester complémentaire d’une activité agricole nourricière. Si on veut développer l’agrivoltaïsme dans notre région, il doit être réfléchi avant tout sur cet axe », insiste Loïc Guines, président de la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine et de la commission régionale énergie. « Dans les zones intermédiaires, où l’élevage a disparu, avec de faibles rendements en cultures, des projets qui représentent 10 % de la SAU totale peuvent s’entendre. Mais la configuration est tout autre en Bretagne. » Ici, pour des SAU moyennes de 70 ha, la doctrine oriente vers des projets de 1 à 3 ha (1 MWc). « Cette surface doit permettre au plus grand nombre d’y accéder. »
Quant au financement et à la répartition de la valeur, les projets présentés à ce jour sont à 100 % portés par des capitaux des énergéticiens. La stratégie bretonne veut démontrer que les projets avec une gouvernance agricole est aussi possible. « Nous sommes auusi en réflexion sur des projets plus collectifs, pour que la valeur reste au territoire. »
Priorité aux toitures
« On n’interdit pas l’agrivoltaïsme. On veut que ce soit la 2e solution après avoir exploité les toitures des exploitations, les sols déjà artificialisés, sur des terres inaptes à la production agricole. » L’installation agrivoltaïque doit apporter un service : elle doit permettre l’évolution des pratiques agricoles, l’enjeu étant un maintien durable de la production agricole sur ces surfaces. « On restera très vigilant quant à l’exploitation agricole des terres. » Des épandeurs avec des rampes de 24 m, des herses étrilles de 12 à 20 m de large doivent pouvoir passer entre les panneaux. Pour ce faire, la densité bretonne a été limitée à 25 % (2≈500 m² de panneaux/hectare), en cohérence avec les préconisations initiales de l’Inrae, inférieure à celle du décret du 8 avril 2024 (40 %).
Carole David
Un développement progressif et encadré
Loïc Guines – Chambre d’agriculture de Bretagne
Aucun projet n’a été validé en Bretagne depuis le décret du 8 avril 2024. Une phase d’observation est privilégiée pour collecter des références sur les impacts avant une généralisation. « En Bretagne, nous voulons un développement très limité en 2024 et 2025, afin de voir les conséquences des installations et les effets sur les rendements, la qualité et la saisonnalité. »
Les terres incultes cartographiées
La loi Aper du 10 mars 2023 a confié aux Chambres d’agriculture la mission d’identifier les terres incultes susceptibles d’accueillir des panneaux photovoltaïques. Une cartographie a été transmise aux préfectures, elle doit être validée pour juillet 2025.