Quitte à transporter et à épandre les effluents d’élevage, autant limiter les pertes d’azote par volatilisation. Telles étaient les maîtres mots d’une démonstration organisée par la Fédération des Cuma de Bretagne et la Chambre d’agriculture, à Pleyben. En rappelant les objectifs du projet Abaa, travail qui recense les émissions d’ammoniac, Anne Guézengar, chargée d’études en agronomie, souligne que « le pâturage ne représente que 12 % des pertes ammoniacales. Le gros des pertes se situe au stockage (30 %), mais surtout à l’épandage (35 %) ». C’est pourquoi 4 constructeurs ont présenté leurs outils dans cette optique de valoriser un maximum l’azote apporté.
Bien préparer son lisier
Chez le constructeur Armor, Philippe Pichon donne des conseils pour éviter le bouchage de sa tonne, qui passe par « un bon brassage avant le chantier. Si le lisier est plus pailleux, il faut brasser tous les mois pour que ces pailles se dégradent. Aussi, avec du lisier de porc, il est utile de continuer à brasser le jour de l’épandage pour éviter la sédimentation. C’est également le cas pour le digestat ». En cas de lisier épais et encombré, le constructeur propose sur son matériel « une pompe centrifuge et des tuyaux d’alimentation de gros diamètre pour éviter les bouchages ».
L’épandage est le plus gros levier pour réduire les pertes ammoniacales
Autre marque avec Garant et son modèle VT 20 000, équipé « d’un bras 3 en 1 capable de pomper sur cône, sur ravitailleur ou en plongeant dans la fosse », détaille Yves Le Gall, inspecteur commercial. La machine dispose d’un relevage de 12 t de capacité car « il existe de gros enfouisseurs ». Dans la conception de la citerne, « il n’y a pas de coudes à 90 °, qui risquent d’agir comme un mur ; tous les coudes sont à 45 ° ». De son côté, Julien Provost, responsable agriculture de précision pour la Sofimat, explique le fonctionnement de l’Harvest Lab, système qui, avec son capteur infrarouge, « quantifie la teneur en MS, en N, P et K du lisier à raison de 4 000 mesures par seconde. Ce capteur peut ensuite venir réguler la vitesse d’avancement du tracteur pour apporter la bonne dose d’azote ».
Équiper les anciennes tonnes
La Samson TG est « très basse, légère et demande peu de puissance. C’est une tonne naturellement inclinée à 5 %, son essieu est placé au maximum à l’arrière. Ici, le DPA (débit proportionnel à l’avancement) n’est pas en option », liste Guillaume Besnier, représentant commercial. Le constructeur exposait également une rampe à patins en rétrofit « capable de remplacer une buse ». Le belge Joskin présentait sa rampe à patins Pendislide Pro pouvant suivant les modèles aller de 12 à 18 m. Les sabots sont fabriqués en Ertalon (polyamide coulé) pour leur donner plus de longévité, selon le constructeur. L’objectif de ces patins est de déposer le lisier après avoir légèrement ouvert le couvert, afin de salir le moins possible les graminées.
Fanch Paranthoën
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Quel avenir pour les buses ?
Alain Laurec, de la Fédération des Cuma, rappelle que « pour limiter la volatilisation, il faut éviter au maximum les contacts entre l’air et le lisier. Aujourd’hui en Bretagne, 1 m3 sur 2 est épandu par pendillard, un tiers par buse, le reste par enfouisseur ». Concernant les buses à palette, « leur utilisation est toujours possible mais la réglementation va devenir plus stricte. Pour pouvoir utiliser ce type de matériel, des dérogations seront possibles si l’utilisateur intervient dans des champs en pente, dont le % de pente reste à définir, si les surfaces sont très petites, si un délai d’enfouissement est respecté et si l’effluent a une très faible valeur ».