Dossier technique

Quand la primipare a grandi trop vite

Angélique Bloino lève les tensions préjudiciables pour la locomotion et les performances engendrées par une croissance trop rapide de certaines génisses.

Une ostéopathe en train de maniupuler une jeune vache Red Holstein présentée par un jeune éleveur - Illustration Quand la primipare a grandi trop vite
Angélique Bloino en train de manipuler une jeune vache. | © Toma Dagorn - journal Paysan Breton

« Parfois, on observe de jeunes vaches qui marchent comme sur des aiguilles après vêlage. Elles ne présentent pourtant pas de boiterie », rapporte Angélique Bloino, ostéopathe. Pour cette dernière, elles sont faciles à repérer : « Elles ont les pattes arrière un peu écartées et donnent l’impression d’une tension générale dans tout le corps. La tension dans le rachis (colonne vertébrale) peut même amener jusqu’à un dos voussé, voire une queue en extension dans des cas extrêmes. » Souvent, c’était des génisses « grandes » que les éleveurs jugeaient prometteuses avant d’être déçus une fois la première lactation entamée. « Elle marche mal, elle est fragile, un peu bizarre… », disent-ils alors. « L’effort de la mise bas est un peu déclencheur. Ces animaux à la démarche raide ont effectivement davantage tendance à déraper, à glisser, sont plus sujets à l’équasillement », reprend la spécialiste.

Une jeune vache Prim'Holstein vue de derrière
Les pattes arrières un peu écartées, de la tension dans tout le corps et une queue en extension, les signes d’une croissance accélérée chez la génisse.

Cependant Angélique Bloino tient à rassurer sur ces cas qui renvoient à une croissance accélérée. « Le squelette grandit très rapidement alors que les structures molles – muscles, tendons, ligaments – ont du mal à suivre le rythme. Cela entraîne des tensions, en particulier sur les membres qui s’écartent : on parle d’un phénomène d’abduction. » Pour bien comprendre, en clin d’œil, elle invite à penser aux adolescents qui ont besoin d’un corset pour soigner une scoliose après avoir poussé d’un coup.

Amplitude et souplesse retrouvées

Pour en revenir aux bovins, cette question concerne les races précoces à forte croissance, notamment la Prim’Holstein. En une seule séance, l’ostéopathe peut redonner de la mobilité à la jeune vache. « Je travaille essentiellement sur les tensions du rachis, parfois aussi un peu au niveau des membres où peuvent exister des tensions musculo-tendineuses et ligamentaires. » Par ailleurs, les tensions du squelette peuvent parfois provoquer des tensions secondaires sur l’appareil digestif. Rapidement, l’animal retrouve de la souplesse et de l’assurance dans sa locomotion et de l’amplitude dans ses pas. « Le dos est plus droit. En général, d’une vache assez plate, on va gagner aussi un peu de largeur du côté de la côte et de la panse en faveur de la capacité d’ingestion. Plus harmonieuse et déliée, elle sera moins fragile et moins sensible à la glissade ou à la chute. » Ces animaux remis en selle par l’ostéopathie retrouvent des aplombs « beaucoup plus normaux » et seront moins sujets aux problèmes de pieds sur le long terme.

L’éleveur est surpris de voir l’animal métamorphosé

Angélique Bloino termine : « La première fois, après la séance, les éleveurs sont surpris de voir leur animal métamorphosé. Ce dernier se déplace désormais avec aisance puis ses performances s’améliorent. Indirectement, lever ces tensions peut même favoriser la fertilité. »

Toma Dagorn


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