Ubéline (Chief Stan x McCutchen) a donné naissance à son premier veau fin novembre à l’âge de 22,5 mois. Cette morbihannaise précoce devrait être la 2e plus jeune Prim’Holstein à fouler le ring du Salon de l’agriculture cette année. « Paris, c’est grand, prestigieux et au rayonnement international », apprécient ses propriétaires Patricia et Pascal Le Gargasson, mordus de belles vaches.
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Une amitié autour des belles vaches
En juin dernier, l’animal s’était fait remarquer en rapportant le titre de Réserve de championnat Génisse au comice. Depuis, elle a commencé à produire. « C’est une primipare harmonieuse et pleine de style. Moderne, pas trop grande, adaptée à une conduite en logettes par exemple », reprend Claude Roussel, conseiller d’élevage à la retraite lié à la famille Le Gargasson par une amitié de plusieurs décennies et une même passion de la Holstein. Ensemble, ils développent une sélection en vase clos, travaillant exclusivement le troupeau hérité des parents de Pascal.
Patricia et Pascal Le Gargasson aiment les concours. « C’est Claude qui nous a motivés à présenter nos vaches. La première fois, au Space 2009 avec Ucocotte, une fille d’Aaron. Pointée EX 92, elle a remporté le Départemental l’année suivante », se souviennent les Morbihannais. Depuis, leurs animaux participent régulièrement aux rassemblements de Pontivy à Paris en passant par le Space et certains Nationaux. Ucocotte leur a d’ailleurs ouvert les portes de la capitale en 2014.
Libellule n’est pas à vendre
Mais la vache qui a tout changé s’appelle Libellule, la mère de la jeune Ubéline. En 2017, cette fameuse Libellule (McCutchen X Gold Chip) avait crevé l’écran au Space en empochant les honneurs de Meilleure mamelle et de Championnat en catégorie Espoir. À la sortie du concours, plusieurs investisseurs étrangers s’étaient positionnés en proposant de coquettes sommes pour l’acheter. « Nous avons refusé et nous ne l’avons jamais regretté. Si nous l’avions vendue, aujourd’hui, nous n’aurions aucune descendance », tranche Patricia Le Gargasson qui adore ses animaux.
Libellule compte déjà 38 descendantes sur l’élevage
De retour à la maison, Libellule (fille d’Idaline, une Gold Chip x Tolbiac, déjà pointée EX 90) s’est vite imposée comme le socle de l’avenir de l’élevage. Ses deux participations à Paris sont presque anecdotiques à côté de la trace qu’elle est en train de laisser. Dans ce troupeau d’une soixantaine de vaches à la traite, elle compte 38 descendantes – génisses ou vaches en lactation – sur l’exploitation. « Et dans les six prochains mois, 10 femelles de la famille sont à naître dont une nouvelle fille de Libellule », précise Claude Roussel.
La vache fertile transmet sa morphologie
Pour développer la souche, les éleveurs ont collecté la belle Libellule pointée EX 93 (95 points en mamelle) à trois reprises. Le taureau Chief Stan a été utilisé les deux premières fois et 11 filles de cet accouplement sont actuellement présentes dont Ocarina EX 92 déjà sortie à Paris et au Space… « Les années passent mais elle conserve ses qualités de fertilité : en insémination comme pour les collectes, nous utilisons toujours de la semence sexée pour Libellule. » La doyenne du troupeau, 10 ans en mai, a aussi donné naissance à une fille de Fitz, une fille d’Unix et une fille de Delta Lambda. « En 2024, pour sa troisième collecte, le taureau Gigabyte a été choisi pour rapporter de la musculature, insister sur les caractères fonctionnels et changer de sang », précise Claude Roussel. Deux veaux vont naître prochainement et deux embryons ne sont pas encore posés. Le passionné souligne la capacité remarquable de Libellule à repartir en gestation et à transmettre ses qualités. Fin janvier, la doyenne du cheptel avait produit près de 72 000 kg de lait en carrière. Pleine d’une dose sexée de Thiem, elle vêlera pour la 8e fois en mai prochain.
Des galettes à Paris
En attendant une retraite paisible à la ferme, la grande vache blanche voit ses filles, petites-filles (des Fitz, Legend B, Delta Lambda, Solomon, Detective B…) et arrière-petites-filles (des Perry PK, Speculos, Mitchell, Topker…) grandir. Presque toutes sont pointées TB en mamelle et certaines suivent sa trace sur les rings. Si Patricia et Pascal Le Gargasson ne seront pas présents, Claude est impatient de conduire Ubéline, digne héritière de la lignée Libellule, à la Porte de Versailles. Et comme tous les ans, l’ancien conseiller connu comme le loup blanc aura apporté son matériel pour préparer tous les soirs des galettes pour les éleveurs morbihannais.
Toma Dagorn
Une nouvelle souche à développer ?
Le troupeau présente une note globale de 84,1 points (+1,86 en morphologie en 2023). « Aujourd’hui, la sélection s’appuie sur des taureaux à taux mais aussi sur des taureaux à index élevés en lait, cependant toujours avec des index positifs en caractères fonctionnels pour faire naître des animaux qui auront le plus de chances de vieillir », note Claude Roussel. Les taureaux utilisés en ce moment s’appellent Delta Lambda, Chief Stan, Eba Too RF, Topker, Thiem, Top Liz, Soual JBT, Mr Budjon Superman…Le génotypage est surtout réservé à la souche Libellule. « Cela nous éclaire pour travailler les caractères fonctionnels lors des accouplements », explique Claude Roussel qui précise que la semence sexée est toujours privilégiée pour cette famille. Pour autant, Unicef (Mooi PRF x Gigabyte) issue d’une autre lignée vient d’être génotypée à +5 en morphologie et +4,4 en mamelle. « Une nouvelle famille à développer ? Nous l’avons inséminée avec Chief Stan… »