Beaucoup plus de lait sans vache supplémentaire

Avec les trois mêmes robots de traite, les associés du Gaec Le Fruitier produisent 800 000 L de lait en plus qu’il y a trois ans. L’optimisation de la ration avec un nutritionniste a bien aidé.

Quatre vaches laitières devant deux satelles de robot de traite  - Illustration Beaucoup plus de lait sans vache supplémentaire
Au Gaec Le Fuitier, deux robots de traite sont consacrés au lot des multipares (120 vaches). | © Toma Dagorn - journal Paysan Breton

Il y a bientôt trois ans, le Gaec Le Fuitier à Pleugueneuc (35) a accueilli Antoine Roze, un 5e associé. Cet agrandissement de l’équipe s’accompagnant de 600 000 L de référence laitière en plus, les éleveurs ont cherché à anticiper. « La piste la plus évidente était d’installer un 4e robot de traite et d’agrandir le troupeau », ont raconté Stéphane Chollet et Fabrice Lemarié lors d’une porte ouverte organisée en février par la société Bovec. « En 2023, à une réunion du Ceta 35, le discours du nutritionniste Mathieu Rolland nous a convaincus qu’une autre voie existait… » Les éleveurs ont alors pris l’option de saturer leurs trois stalles en augmentant la productivité des vaches. En trois ans, en conservant le même effectif autour de 180 vaches à la traite (220 présentes au total), la production livrée est passée 1,8 million de litres de lait par an à 2,6 millions.

Marge en hausse

En collaboration avec le consultant de Vision Lait, la ration a été affinée et densifiée (voir encadré). « Avec l’intensification, nous cherchons à exprimer le potentiel génétique de notre troupeau. Rapidement, l’ingestion est passée de 22 kg MS/VL/jour à 26-27 kg. Nous soutenons beaucoup plus nos vaches pour qu’elles maintiennent leur production dans le temps. Nous étions trop sévères sur la complémentation après 150 jours de lactation », résume Stéphane Chollet. Sur 2024, le niveau d’étable se situe à 42 kg de lait/VL/jour à 34 de TP et 44 de TB. Bien sûr, le coût de la ration a augmenté de 2 €/ VL/jour pour se situer aujourd’hui à 7,8 €, rapportent les associés. « Mais en contrepartie, le produit lait approche les 20 € pour une marge sur coût alimentaire (MCA) de 12 €/VL/jour. »

Rigoureux au quotidien

Pour de bonnes entrées en lactation, le péripartum est surveillé de près avec mesure tous les mois du pH urinaire des animaux en préparation au vêlage puis dosage des ß-OH (acétonémie). Suite au bond en production, les performances de reproduction – un suivi est réalisé tous les jeudis par le vétérinaire – ne se sont pas détériorées (379 jours d’IVV, 180 jours de rang moyen de lactation en ce moment).

Exprimer le potentiel génétique du troupeau

En plus des robots aspirateurs de lisier qui assurent des surfaces plus propres, l’installation de tapis au sol il y a 2,5 ans a été payante. « Il n’y a presque plus de problème de dermatite digitale », soulignent les associés qui n’ont pas recours au pédiluve mais utilisent le système Météor (Lely) de lavage des pieds et pulvérisation de désinfectant à la traite. Un parage fonctionnel est systématiquement réalisé au tarissement. Et l’élevage des jeunes vient d’être revu : « Nous avons changé de poudre de lait et de plan d’alimentation pour améliorer l’élevage des veaux et la transition au sevrage », explique Antoine Roze.

Viser les Amériques

Pour conclure, Stéphane Chollet aborde son récent voyage aux États-Unis. « J’ai vu un élevage produisant 3,5 millions de litres de lait avec trois robots. Avec des rations plus concentrées et des logettes sable très confortables, les Américains produisent plus par kilo de MS ingéré. Il nous reste donc de la marge pour faire mieux. »

Toma Dagorn

La ration des vaches EN production

Stéphane Chollet détaille le mélange à l’auge (en MS/VL/jour) : 11,2 kg de maïs ensilage, 2,1 kg de luzerne ensilée, 1,4 kg de dérobée de RGI, 2,5 kg de soja 48, 3 kg de maïs grain (« autoproduit et broyé le plus finement possible pour gagner du lait »), 330 g de matière grasse, 40 g d’acides aminés non protégés, 920 g de minéral à la carte (« contenant des chélates pour la santé des pieds ») et 4 à 5 L d’eau. Au robot, en moyenne, la complémentation est de 3,6 kg de VL avec lysine et méthionine protégées et 2,1 kg de tourteau de colza oléique tanné au xylose. Les fourrages sont analysés tous les mois.

Dose sexée ou croisement

Au Gaec, les cinq associés inséminent. « L’outil GMS de Bovec nous permet de mieux gérer notre cuve et d’homogénéiser le troupeau en utilisant seulement 4 ou 5 taureaux par an », explique Fabrice Lemarié. Objectif : des vaches adaptées à la traite robotisée au format modéré avec une bonne locomotion. En 2024, l’approche a évolué avec le génotypage. Les animaux à plus de 400 de Net Merit (index de synthèse économique américain) sont inséminés en dose Holstein sexée, soit environ 90 % des primipares et 30 % des multipares. « Les autres sont désormais croisés avec du British Blue pour les multipares ou de l’Angus pour les primipares. »


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