À Plémy (22), le site de naissage du Gaec du Bosquion a été repris en 2013. « Au rachat, nous avions bâti le projet sur un objectif de 12,7 porcelets sevrés en moyenne par portée. À l’époque, les plus performants atteignaient 14 sevrés », se rappellent Nathalie et Damien Talibart, les deux associés (sur trois) en charge des 355 truies présentes. Ils mesurent le chemin parcouru : « Il y a 10 ans, nous sevrions en moyenne 12,5 porcelets par portée. Il y a deux ans, nous étions satisfaits en sevrant 14 porcelets. Aujourd’hui, un bon sevrage, c’est à partir de 15… » Les résultats GTTT sur les six derniers mois rapportent ainsi 15,22 sevrés par portée. Début mars, ils ont battu leur record en sevrant 16,34 porcelets sous les mères sans truies adoptives, ni allaitement artificiel.
Faciles à conduire
Les objectifs sont réajustés régulièrement. « En maternité, cela signifie se situer dans les 10 % meilleurs sur tous les critères. » Les éleveurs cherchent à sevrer du nombre et, à l’arrivée, à sortir de la marge brute par truie. « En d’autres termes, nous voulons produire des kilos avec des plus-values pour diluer les charges de structure. »
Des porcelets homogènes même dans les grandes portées
« Une truie facile à conduire est celle qui vient en chaleur, met bas toute seule, donne de beaux porcelets… C’est un animal qu’on ne connaît toujours pas en 5e ou 6e rang », résument Nathalie et Damien Talibart.
Ces derniers notent que la prolificité et la qualité des porcelets se sont améliorées au fil du temps. « C’est une combinaison entre des porcelets de qualité, c’est-à-dire beaux et homogènes y compris dans les grandes portées, et la capacité des truies à les élever sans recours aux portées adoptives. »
Alimentation plus précise
Pour répondre à l’amélioration du potentiel de la génétique Nucléus qu’ils utilisent, pour eux, seule la « rigueur et la régularité » du travail quotidien paient. « Nous cherchons sans cesse à réduire le taux de perte pour emmener le maximum d’animaux en post-sevrage. Aujourd’hui, nous sommes sous les 11 %. » En conduite 10 bandes et sevrage à 21 jours, les associés consacrent du temps à cette réussite.
Car l’augmentation de la prolificité réclame de l’attention à tous niveaux. « Est-ce que la truie mange bien ? Est-ce que les porcelets sont bien ronds et tètent bien ? Très vite après la mise bas, tu as une idée de ce que tu vas sevrer. Tout doit être ensuite fait pour avoir du poids au sevrage, un critère indispensable pour que les animaux démarrent bien derrière », note Damien Talibart. Il n’y a pas de secret, quand il y a beaucoup de cochons à naître, il faut des truies en forme capables de produire du lait en quantité, insiste-t-il.

Nathalie Talibart reprend : « Il est indispensable de les maintenir en état. Sinon, on le paie cher sur la lactation suivante. » Pour ce faire, l’alimentation des truies a été revue il y a 5 ans avec Yvan Minor, technicien à la Cooperl. « L’approche est plus technique. Nous avons changé d’aliment et revu les courbes en adaptant mieux la distribution par rapport aux semaines de gestation. »
Les associés testent aussi depuis cinq bandes un apport de vitamines au moment de la nidation. « On constate que nous n’avons pas de retour en chaleur », apprécient-ils.
La sociabilisation depuis deux ans
Autre conséquence des progrès en prolificité, depuis deux ans, les éleveurs procèdent à de la sociabilisation. « Nos cases semblaient petites pour des porcelets de plus en plus nombreux. En fonction des tailles, deux ou trois portées sont rassemblées et profitent ainsi de la surface du couloir en plus. Cela favorise un réallotement moins stressant à l’entrée en post-sevrage. »
Toma Dagorn
Repères : GTE naisseur – engraisseur ; 29,7 porcs produits / truie présente/ an ; 3 735 kg vif produits / truie présente / an ; 2,58 d’indice de consommation ; 95,7 kg de poids de vente ; 0,211 € de plus-value globale.
Des porcelets nombreux et lourds
« Dans la sélection de nos cochettes Sérénis (Large White x Landrace), nous insistons sur la réduction du taux de perte, une attente des éleveurs et de la société », démarre Rémy Chemin qui suit le schéma génétique chez Nucléus. « L’objectif n’est pas seulement de faire naître beaucoup de porcelets, mais de faire naître des porcelets viables, autonomes pour aller à la mamelle et qui auront une valeur économique importante en étant des charcutiers capables de produire du poids, de l’indice et des plus-values. »La proportion de nouveau-nés de moins d’1 kg (les études montrent que ces animaux ont 40 % de risque de mourir) baisse de 1 % par an grâce à une sélection plus forte sur ce critère depuis 2020 : 15 % en 2020 contre 11 % en 2024, rapporte le spécialiste. « Pour augmenter les sevrés par portée, le taux de survie en maternité dépend de cette qualité des porcelets mais aussi des mères. » Tout en sélectionnant des truies « filière » offrant de la performance (IC, qualité de carcasse), Nucléus travaille sur les animaux QM (pour qualités maternelles) : « Dans un contexte de main-d’œuvre limitante, ce sont des truies au comportement idéal, autonomes à la mise bas et sur la lactation, capables d’élever seule des porcelets lourds, nombreux et homogènes. »