Dossier technique

Faisabilité d’une Cuma de désamiantage

Les chantiers de transformation de bâtiments peuvent demander le retrait d’amiante. Pour assurer la sécurité de ces opérations, avec un juste prix pour les agriculteurs, la faisabilité d’une Cuma de désamiantage a été étudiée.

désamiantage en cours sur un toit de bâtiment agricole - Illustration Faisabilité d’une Cuma de désamiantage
De nombreux bâtiments agricoles anciens présentent de l’amiante. | © Paysan Breton

Un groupe de travail piloté par Elinnove (association autour de la modernisation des bâtiments et équipements d’élevage), la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire et la MSA du Maine-et-Loire s’est penché sur la question du désamiantage. « Nous travaillons un premier axe qui concerne la sensibilisation du monde agricole sur les risques liés à l’amiante (communication, interventions sur les salons et journées techniques, formation…) », a introduit Solenn Fassion, travaillant pour Elinnove et la Chambre d’agriculture, lors d’un webinaire du RMT Batice fin février.

Un fonctionnement sécurisé

Deuxième axe, « nous avons récemment réalisé une étude sur la faisabilité d’une Cuma de désamiantage. Les différents types de chantiers concernés sont des opérations SS3 (déconstruction totale, dépose de toiture, de longs-pans et pignons) ou SS4 (intervention de maintenance, réparation ou entretien). Les chantiers nécessitant le confinement de zones ou suite à un sinistre ne sont pas dans le champ d’intervention de la Cuma. »

Pour réaliser des chantiers SS3, « il faut entreprendre un long chemin de certification qui peut prendre un an : recherche de l’encadrant technique, montage du dossier, assurance, audits… Une fois que l’encadrant technique est formé, on peut embaucher les encadrants et opérateurs de chantiers qui interviennent sur le terrain. L’aptitude aux chantiers SS3 ouvre aux SS4. »

Dépose par le dessus privilégiée

Plutôt que la dépose par le dessous, « nous avons choisi la dépose par le dessus qui offre un rendement supérieur, à 300 m2/jour (contre 250 m2/j par le dessous), mais il faut travailler en hauteur. » En cas de présence d’isolant sous toiture et en bardage lié à l’amiante, « il est nécessaire d’intervenir sous SS3 : cela impacte le processus de mise en œuvre, les moyens de protection collective, la métrologie (prélèvements différents selon les chantiers…). »

Avant une intervention, « le matériel d’élevage est à évacuer, la litière à curer. Si des éléments sont fixés au sol, s’ils sont liés à l’amiante, c’est la Cuma qui les retire. Concernant les réseaux (électricité, chauffage, ventilation, eau…), leur consignation devra être réalisée par l’agriculteur avant les travaux. »

Les charges de personnel et tous les matériels nécessaires au désamiantage ont été pris en compte dans l’étude : pulvérisateurs pour mouiller le support avant intervention, aspirateurs pour les poussières, remorque pour décontaminer les opérateurs, protection contre les chutes, équipements de protection individuelle (bottes, gants, appareil respiratoire…).

Gestion des déchets variable

Pour la mise au rebut, l’amiante liée à des matériaux inertes (plaques non abîmées…) peut aller dans des installations de stockage de déchets non dangereux, bien réparties sur le territoire. Non liés à d’autres matériaux ou friables, les déchets sont à déposer dans des installations de stockage des déchets dangereux (ISDD). En Bretagne, il n’existe qu’un site de ce type. La 3e solution est l’inertage (vitrification) réalisé par une entreprise des Landes. L’amiante peut ensuite être réutilisée pour faire des routes notamment.

Sans annoncer de prix précis, Solenn Fassion précise que la solution Cuma serait moins chère comparée aux intervenants privés. « Leurs coûts peuvent aller de 40 à 110 €/m2 selon les devis, ils se situent en moyenne à 60-70 €. » Par ailleurs, « la facture sera plus élevée sur les bâtiments isolés, le coût en ISDD étant plus onéreux ».

Agnès Cussonneau

Une Cuma à rayonnement régional

« Dans l’étude, nous sommes plutôt partis sur la création d’une Cuma régionale du fait de son rayonnement plus large, à laquelle les Cuma territoriales adhèreraient. La responsabilité juridique et le maintien de responsables dans le temps restent des questions pour le moment », précise Solenn Fassion.


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