Ceux qui prônent un allègement inconditionnel de la réglementation au nom de la libre entreprise devraient méditer sur la situation actuelle aux États-Unis.
Alors que le pays fait face à une épizootie de grippe aviaire touchant les élevages de volaille et de vaches laitières – avec près d’un millier de cas recensés en un an –, l’administration Trump n’a rien trouvé de mieux à faire que de renvoyer sans ménagement quelque 6 000 employés des agences sanitaires fédérales.
Cette gestion erratique met en lumière les incohérences, pour ne pas dire l’incurie, de l’équipe Trump. En agissant ainsi, les États-Unis s’exposent à une crise de santé publique majeure et risquent de transformer cette épidémie animale en une zoonose aux conséquences imprévisibles.
Le danger dépasse largement les frontières américaines
Le danger dépasse largement les frontières américaines. Premier exportateur mondial de lait et de volaille, le pays inquiète ses partenaires commerciaux. Et plus encore les scientifiques du monde entier. La grippe aviaire a en effet un potentiel de mutation et de transmission à l’homme qui ne doit pas être sous-estimé. Or, au lieu de jouer la transparence, Washington verrouille l’accès aux données sanitaires. Les chercheurs sont ainsi privés d’une partie des données de santé publique, et les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) ne partagent plus leurs analyses avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Après avoir fragilisé la surveillance sanitaire, Trump vient d’opérer un nouveau revirement, comme il en est coutumier, en annonçant un budget d’urgence dont une partie est affectée à la recherche de vaccins pour les pondeuses. Moins pour enrayer l’épidémie que pour limiter la flambée des prix des œufs, en hausse de 65 % en un an. Il ne faudrait tout de même pas que ceux qui l’ont élu le sanctionnent trop vite…
