« Il faut lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur »

Laurent Duplomb, sénateur LR de Haute-Loire, milite pour la simplification administrative et pour la ré-autorisation de pesticides interdits. Il intervenait à l’assemblée générale de la FDSEA, la semaine dernière à Josselin.

Laurent Duplomb, sénateur LR de Haute-Loire à une tribune - Illustration « Il faut lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur »
Laurent Duplomb, sénateur LR de Haute-Loire

En 2019, Laurent Duplomb, agriculteur en Gaec avec trois associés (lait, cultures), alerte sur la perte de vitesse de l’agriculture française dans un premier rapport. En 2022, rebelote avec une nouvelle édition au vitriol sur « l’urgence de redresser la ferme France », qui fera référence à droite de l’hémicycle. « J’étais contre la politique, défendue par le gouvernement, de montée en gamme. L’agriculture française est passée, en quelques années, du 2e au 6e rang mondial au niveau de la production en raison d’un manque de productivité. Les charges sont plus élevées chez nous ; la sur-transposition administrative est une entrave ; la pression de la distribution sur les prix est telle que l’industrie agroalimentaire n’est plus capable d’investir et perd de sa compétitivité ».

L’acétamipride, un néonicotinoïde, est autorisé ailleurs en Europe

Dénoncer certains contrats à l’international

L’État est, selon lui, trop peu protecteur : « Nous avons, par exemple, signé un contrat en 96 avec le Maroc. Nous devions leur fournir du blé contre des tomates. Aujourd’hui, nous importons toujours leurs tomates mais ils achètent du blé russe. Ce contrat n’a jamais été dénoncé. Pire, les Marocains produisent et nous vendent désormais des tomates haut de gamme, de variétés anciennes… ». Le sénateur dénonce également le dénigrement systématique du système agricole : « L’image colportée ne correspond pas à la réalité. Notre modèle, c’est 60 vaches laitières par exploitation, un peu moins que les 30 000 bovins élevés en feed-lots en Amérique du Nord, non tracés et piqués aux hormones. Ce n’est pas à nous de changer de modèle ».

Ré-autoriser des molécules phytosanitaires

Laurent Duplomb craint la perte de souveraineté alimentaire : « En 2018, nous consommions des produits importés 1,5 jour par semaine. Nous en sommes aujourd’hui à 2,5 jours. Avec un peu d’inflation, la majorité des consommateurs se tournent vers les produits premiers prix, souvent importés car nous avons fait le choix de ne plus en produire ». Il propose de lever les contraintes sur l’élevage (seuils ICPE), sur l’eau (constitution de réserves d’irrigation), de supprimer la notion même d’agroécologie, « car l’agriculteur fait de l’écologie par nature ». Il multiplie les saillies contre les normes environnementales ; il milite pour la réintroduction de molécules de traitement interdites et demande à Matignon une procédure parlementaire accélérée, pour sauver des filières en danger : « L’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, utilisé sur betteraves, sur fruits…, est autorisé ailleurs en Europe mais interdit en France. Pour les noisettes, la France autorise un seul pesticide, contre huit dans le reste de l’UE et bien plus en Turquie. En dix ans, l’exportation de pommes est passée de 700 000 tonnes à 300 000 tonnes, au profit des Polonais… Ces filières sont menacées de disparition ». Le sénateur était aussi à l’origine d’un amendement visant à supprimer l’Agence bio. Le gouvernement n’a pas abondé mais s’interroge sur « la multiplication des organismes qui s’occupent du bio, qui pour la plupart reçoivent des financements de l’État et qui remplissent parfois des missions identiques ».

Bernard Laurent

La suppression de l’Office français de la biodiversité.

« Il faut revenir à ce qui se faisait avant sa création en 2020 ». L’OFB est issu de la fusion entre l’Agence française pour la biodiversité et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. « En Haute-Loire, 1 000 contrôles ont été réalisés sur les 3 500 fermes existantes, en 2024. 700 par la DDT (Pac), 250 par la DDSPP (traçabilité) et 50 par l’OFB. Ces derniers peuvent déboucher sur une procédure administrative ou pénale. Sur les 50 contrôles, 49 sont allés au pénal. L’agriculteur risque, dans ce cas, jusqu’à 150 000 € d’amende et 3 ans de prison ». Un plafond jamais atteint mais qui crispe dans les campagnes…En France, sur l’année 2024, 1 179 contrôles en ferme ont été réalisés par l’Office (plus de deux fois moins que l’année précédente en raison des pressions politiques) ; 800 ont donné lieu à une procédure judiciaire.


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