Dossier technique

Les chèvres logées dans le poulailler

Gaec de la Coglais, à Bain-de-Bretagne (35) - Pour limiter l’investissement à la création de l’atelier de production de lait de chèvres, les associés ont opté pour l’adaptation d’un ancien bâtiment dédié à la volaille de chair.

Des chèvres laitières de race Alpine logées dans un ancien poulailler rénové. - Illustration Les chèvres logées dans le poulailler
Les chèvres sont conduites en deux lots répartis de chaque côté du couloir d'alimentation central. | © Paysan Breton - T. Dagorn

Cécile Jubert et Pierre Roulleau se sont installés en 2020 en reprenant l’exploitation du père de ce dernier. « Naturellement, mon compagnon a pris les rênes des deux poulaillers en activité et des cultures. De mon côté, j’avais envie de conduire mon propre atelier », raconte la jeune femme. Non issue du milieu agricole, après son BTS Acse, elle avait travaillé quatre ans en service de remplacement pour voir différentes productions et faire ses armes. « Je suis surtout intervenue en vaches laitières et en chèvres. Comme les caprins m’avaient beaucoup plu, j’ai décidé de me lancer. »

Deux femmes dans la nurserie d'un élevage caprin.
Aurélie Jarry, salariée, et Cécile Jubert dans la nurserie

Beaucoup d’énergie mise dans l’autoconstruction

L’éleveuse a bien sûr demandé des devis pour un bâtiment neuf. En parallèle, les associés ont aussi réfléchi à valoriser « ce qui était encore debout sur l’exploitation », c’est-à-dire un poulailler arrêté depuis 10 ans (et équipé par la suite de panneaux solaires au sud). « Quand on démarre, on aime toujours avoir un outil neuf. Je n’étais pas très partante à l’idée d’utiliser une structure vieillissante. Mais la différence de prix entre les deux approches m’a vite aidée à me faire une raison », concède Cécile Jubert.

Travailler dans un bâtiment sans marche

Pour accueillir les chèvres, des travaux importants ont alors été réalisés. « L’autoconstruction nous a demandé beaucoup d’énergie mais a permis de bonnes économies. » Les éleveurs ont apporté des tonnes de caillou et fait du béton pour relever le couloir central de 70 cm. « La priorité était de loger tout le monde sous le même toit – une nurserie a été créée à l’un des bouts – et de travailler dans un bâtiment sans marche pour faire passer un chariot ou un robot d’alimentation notamment. » Ils ont monté les panneaux de cornadis pour pouvoir trier facilement les animaux et intervenir seul. Ils ont installé la salle de traite 2 x 24 postes (stalle, trémies…) et réalisé la plomberie. « Nous avons simplement délégué la partie pneumatique et électrique… », précise Pierre Roulleau. Cinq silos à aliments (dont quatre d’occasion) ont aussi été posés. Un pignon a été entièrement rénové et deux portes y ont été rajoutées pour accéder directement aux aires paillées pour le curage au téléscopique. Un espace bureau et salle de pause a également été créé.

Isolation et ventilation efficaces

À l’arrivée, l’ancien poulailler de 1 200 m2 accueille désormais 300 places à l’auge et une nurserie de 80 places. Avec du recul, Cécile Jubert juge son bâtiment réorienté « totalement adapté » et ne regrette pas sa décision. « Le système de trappes de ventilation hérité de la volaille fonctionne bien pour les chèvres. » En complément, le faîtage a été ouvert. « La toiture était déjà isolée. Sur du neuf, nous n’aurions sans doute pas eu les moyens de le faire. Ainsi, comme on gagne 3 ou 4 °C dans les deux sens en été comme en hiver, les chèvres sont mieux. » Un parc déjà existant permet aux animaux d’accéder à l’extérieur pour se dégourdir les pattes. Après trois ans d’utilisation, des translucides ont été rajoutés sur les côtés pour apporter plus de clarté. « Malgré cela, ce poulailler reste moins lumineux que l’aurait été une enceinte neuve. Mais cela peut être un avantage pour faire venir les chèvres en chaleur de bonne heure, vers fin août, quand les jours raccourcissent. »

Autant de lait que dans du neuf

Les associés chiffrent leur projet de rénovation de bâtiment : « Comptez 30 000 € pour l’achat de la coque et 160 000 € de travaux et aménagements. » En neuf, la facture aurait atteint 300 000 €, rapportent-ils. « Nous avons monté un projet autour de 1 000 € la place. Les banques qui connaissent mal le caprin avaient des références autour de 700 € la place. En neuf, elles ne nous auraient pas suivis. » L’élevage désormais en rythme de croisière, les 270 chèvres laitières de race Alpine produisent 250 000 L de lait par an collectés par Agrial. « Dans un bâtiment neuf, le troupeau n’aurait pas donné plus de lait », termine Cécile Jubert.

Toma Dagorn

Un robot d’alimentation bienvenu

« Au lancement du projet, je pesais, mélangeais les aliments dans une bétonnière pour une distribution à la brouette trois fois par jour », raconte Cécile Jubert qui a vécu comme un « soulagement » l’arrivée du robot d’alimentation (Lucas G). L’investissement a représenté autour de 50 000 € et n’avait pas été réalisé dès l’installation pour alléger le besoin en financement du départ. « Désormais, le travail est moins physique et l’organisation plus souple. Je n’ai plus à peser et je peux m’absenter plus facilement. »


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