Maîtriser le désherbage à la herse étrille en cinq points

La herse étrille est l’appareil de désherbage mécanique le plus répandu, mais aussi le plus exigeant en termes de réglages et de conditions d’intervention.

Passe de herse étrille à l'aveugle avec des dents indépendantes - Illustration Maîtriser le désherbage  à la herse étrille en cinq points
Les herses étrilles de précision offrent un réglage très fin de la pression sur les dents pouvant être utile lors de passages à l’aveugle dans des parcelles aux sols hétérogènes.
 | © Einböck

Outil polyvalent capable de désherber en plein tout type de culture, la herse étrille travaille par arrachement et recouvrement. Elle se montre ainsi efficace uniquement sur de jeunes adventices. Il conviendra de trouver les bonnes fenêtres d’intervention réunissant conditions météo et de sol, ainsi qu’un stade de culture adapté. Outil sans grande technologie, la herse étrille demande des réglages très fins pour toucher un maximum de mauvaises herbes sans impacter la culture en place. Cela passe par la maîtrise de l’agressivité des dents en jouant sur trois facteurs : l’inclinaison des dents, la tension qui leur est appliquée et la vitesse d’avancement. Dans tous les cas, il faudra souvent descendre de la cabine du tracteur pour vérifier, les mains dans la terre, que les conditions et les réglages sont adaptés. La herse étrille demande une grande capacité d’adaptation !

Toucher un maximum de mauvaises herbes sans impacter la culture en place

Cibler des conditions de sol adaptées

La réussite d’un passage de herse étrille se prépare dès le travail du sol et le semis. Il est important de limiter la présence de débris végétaux afin d’éviter les bourrages, la herse travaillant comme un peigne avec des dents espacées de 2,5 à 3 cm selon les machines. Un sol bien nivelé est aussi un préalable à un travail homogène sur toute la largeur, spécialement pour les machines à dents montées sur des compartiments ou panneaux. Les machines à dents indépendantes sont plus tolérantes sur ce point. La régularité s’impose également pour la profondeur de semis, de façon à ne pas risquer d’atteindre les graines lors des premiers passages à l’aveugle. Il peut d’ailleurs être utile de semer un peu plus profond certaines cultures, mais aussi d’augmenter la densité de semis pour compenser les éventuelles pertes.

L’étrillage ne sera efficace que si le sol est suffisamment sec et pas trop dur. « Inutile de tenter un passage dans un sol battant refermé au printemps. Il faudra le précéder d’un écroûtage avec une houe rotative », illustre Damien Brun chez Arvalis. Le désherbage ne donnera aussi de bons résultats que s’il ne pleut pas dans les deux ou trois jours suivant l’intervention.

Passer au bon stade pour la culture et les adventices

Le désherbage à la herse étrille ne doit s’envisager que sur des adventices peu développées. « Au-delà de deux feuilles, cela devient très compliqué », avertit Damien Brun. À stade équivalent, le spécialiste note que la herse est globalement plus efficace sur les dicotylédones que sur les graminées. « Le premier passage en prélevée va cibler des graines d’adventices en tout début de germination, au stade fil blanc. Il faut attendre suffisamment après le semis pour être au plus proche de la levée de la culture, mais pas trop non plus pour ne pas risquer de la toucher. » La herse étrille est à proscrire durant la levée et il faut ensuite trouver la fenêtre de tir, ses dents resserrées pouvant causer de sérieux dégâts à la culture, dès lors que celle-ci n’est pas assez ou trop développée. « En céréales, on peut commencer au stade 2-3 feuilles et surtout à partir du tallage. En maïs, la herse s’envisage à partir de 2 feuilles, jusqu’à six. On peut aussi débuter à deux feuilles en pois et féverole, tandis que l’on attendra 3 feuilles pour le colza. »

Régler l’inclinaison des dents

Avant de débuter les réglages, il est essentiel de placer la herse étrille sur une zone plane et représentative de la parcelle. Éviter bien entendu les fourrières. Afin que les dents des différentes rangées travaillent de manière homogène, le châssis doit être bien parallèle au sol. Il convient pour cela, d’ajuster la position du troisième point sur les machines portées dotées de roues de jauge uniquement à l’avant. Dans le cas des herses traînées ou des modèles portés disposant de roues de jauge à l’avant ainsi qu’à l’arrière du châssis, la planéité est obtenue en modulant la hauteur de toutes les roues, le troisième point étant fixé dans un trou oblong.

Sur les machines à panneaux, dont les dents intègrent une spire assurant la pression, leur inclinaison se définit à deux niveaux. Il faut tout d’abord jouer sur la hauteur du châssis en ajustant la position des roues de jauge. En position basse, les dents sont plus inclinées et fuyantes. Une configuration limitant l’agressivité des dents, à privilégier sur des sols meubles et des cultures fragiles, mais aussi en cas de forte présence de résidus ou d’un enherbement important pour atténuer l’effet peigne et ainsi limiter les bourrages. À l’opposé, le châssis est mis en position haute de façon à obtenir des dents plus verticales offrant davantage d’agressivité en sol dur et plus d’efficacité sur les mauvaises herbes. Cette position en attaque est à moduler en fonction de la résistance de la culture. Afin de ne pas trop abaisser le châssis et de préserver suffisamment de dégagement pour la végétation, il est nécessaire d’intervenir sur un second réglage (mécaniquement ou hydrauliquement selon les machines) : l’orientation des dents par pivotement des barres porte-dents.

En ce qui concerne les herses de précision à dents indépendantes, l’angle d’attaque de la dent est généralement défini par la hauteur du châssis. Quelques rares modèles disposent aussi d’un réglage par pivotement des barres porte-dents.

réglage inclinaison  des dents sur herse étrille
L’ajustement hydraulique de l’inclinaison des dents facilite les réglages sur une herse étrille 
à panneaux.

Ajuster la pression au sol

Le réglage de la pression au sol des dents va influencer la profondeur de travail, qui se situe souvent autour de 2-3 cm. Mais selon les conditions et la profondeur de semis de la culture, il sera parfois nécessaire de se limiter à 0,5-1 cm ou de travailler plus profond à 4-5 cm. Sur une herse à panneaux, la pression dépend à la fois de la hauteur des roues de jauge et du réglage de l’inclinaison des dents. En effet, la pression est obtenue par la mise en contrainte de la spire de chaque dent. Son amplitude de réglage est donc conditionnée par la position des dents.

Les herses à dents indépendantes procurent un réglage plus fin et plus étendu de la pression au sol. Chaque dent disposant de son propre ressort (ou un petit vérin hydraulique chez Lemken et pneumatique chez Hatzenbischler), l’ajustement de la pression (0,5 à 5 kg) est indépendant de sa position. Ces machines offrent par exemple la possibilité de désherber des cultures en buttes ou des cultures très sensibles. Elles s’adaptent mieux aux conditions changeantes ou aux sols hétérogènes en faisant varier la pression sur les dents en continu depuis la cabine.

Trouver la bonne vitesse de travail

En passage à l’aveugle ou sur des cultures développées assez robustes, la herse étrille offre de bons débits de chantier, grâce à des vitesses d’avancement de 8 à 12 km/h. Mais plus la culture est fragile, plus l’allure doit être réduite. « Sur un maïs au stade 2 feuilles, on ne peut pas avancer à plus de 2-3 km/h », indique Damien Brun. Il est conseillé de débuter un chantier à basse vitesse puis d’accélérer par tranche de 0,5 km/h en observant systématiquement si la culture n’est pas trop impactée.

Michel Portier

En chiffre

24m : Plus de 24 mètres de large pour les plus grandes herses étrilles semi-portées, les machines portées atteignant les 15-18 mètres. Attention au poids de certaines.

12 km/h : Vitesse maxi en passage à l’aveugle, mais 2-3 km/h sur un maïs à 2 feuilles.

7 mm : Diamètre des dents le plus couramment utilisé. 6-6,5 mm se justifient pour des sols légers et de cultures fragiles. 8 mm pour plus d’agressivité dans des sols difficiles. La longueur et la forme des dents ont aussi leur importance.

1 200 à 2 500 €/m : De 1 200 € du mètre pour un modèle à panneaux d’entrée de gamme à plus de 2 500 € pour certaines herses de précision à dents indépendantes.

Une formation au désherbage mécanique

Dispensée par Agrobio 35, la formation « Expert désherbage mécanique » donne accès à de nombreuses références, aussi bien sur le choix et les réglages du matériel que sur les stratégies de désherbage. Elle s’adresse aux agriculteurs bio et aux conventionnels qui souhaitent réduire leurs IFT par la mise en œuvre d’un désherbage alterné. Cette formation comprend un module de quatre heures en ligne sur une plateforme internet, suivi d’une demi-journée en groupe.


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