« Qui parmi vous a déjà rencontré ou suspecté un problème en élevage en lien avec une mauvaise hygiène de la soupe ? », questionne Hugues Perrin, vétérinaire du cabinet Epidalis, lors du forum alterbiotique qui s’est déroulé à Rennes (35). Un cas détecté sur un élevage fait état de troubles de la reproduction avec chute de fertilité sur 4 bandes (retours et avortements précoces), vomissement des truies et avortements en cours de gestation. « Sur l’approche diagnostique, le sanitaire a été objectivé puis non mis en cause et la technique vérifiée. C’est ensuite que nous avons étudié la soupe. La soupière avait une odeur forte, un biofilm épais, gras et malodorant. » L’analyse a montré un déséquilibre de flore (rapport lactobacilles/coliformes inférieur à 10 000) avec 9 500 000 lactobacilles et 7 900 coliformes. Les moisissures étaient trop élevées (4 000) et rien à signaler du côté des levures. « Les mesures proposées sont un nettoyage de la cuve et des circuits à la haute pression pour dégraisser la cuve ; le respect du protocole de nettoyage acide/base et ensuite un apport de flores lactiques. Le comportement alimentaire s’est rapidement amélioré. Le taux de perte de truies a baissé, le nombre d’avortements s’est réduit et le niveau de fertilité s’est amélioré mais toujours avec des variations », constate le vétérinaire.
Des animaux plus calmes
Autre cas sur un élevage affichant des épisodes de caudophagie suivis de mortalités brutales quelques jours plus tard, des croissances sub-optimales, des analyses microbiologiques de la soupe engraissement non satisfaisantes mais avec une amélioration suite à un nettoyage/désinfection et réensemencement des canalisations avec des bactéries lactiques. « Les signes visibles étaient un biofilm indésirable au niveau des parois de la soupière. Nous avons préconisé de maintenir la soupe que sur le 1er des 3 repas quotidiens. À la suite de ce 1er repas, des bactéries lactiques sont incorporées manuellement dans la cuve de présoupe. La présoupe pour les 2 autres repas a été supprimée et nous incorporons des bactéries lactiques dans le complémentaire », indique Hugues Perrin.
Suite à ce protocole, les animaux étaient plus calmes. Le poids vif moyen des cochettes à 21 semaines est passé de 95,6 kg à 99,2 kg.
Nicolas Goualan
Les messages clés
La vigilance est de mise pour détecter les signes d’un problème d’hygiène alimentaire : baisses des performances, croissance, IC, repro… Des analyses permettent de préciser la nature du problème. « Les mesures d’hygiène concernant les matières premières, le stockage, les canalisations, les descentes, les auges… sont essentielles. Cela nécessite d’être complété par réensemencement avec une flore positive. »