Une ressource en eau fragile, en Bretagne

Le changement climatique et les spécificités hydrogéologiques du sous-sol breton imposeront une gestion de plus en plus rigoureuse de la ressource en eau.

Une vache en train de boire dans un bac à eau - Illustration Une ressource en eau fragile, en Bretagne
L’agriculture utilise 25 % de l’eau prélevée en Bretagne, dont 75 % pour l’élevage (eaux souterraines essentiellement) et 25 % pour l’irrigation.

La Bretagne est parcourue par 30 000 km de cours d’eau connectés à des eaux souterraines qui sont présentes partout sur le territoire. « Il n’existe pas de grands aquifères, mais une mosaïque de petits systèmes imbriqués », indique Bruno Mougin, hydrogéologue, intervenant à une soirée sur l’eau, organisée par Rés’Agri et Roi Morvan communauté. « Ils sont abrités dans des roches dures anciennes (granite, schiste, gneiss). L’eau est stockée dans la roche grâce à sa porosité, et circule surtout grâce au réseau de fissures de fractures dans celle-ci ».

De l’eau essentiellement prélevée en surface

L’eau potable provient essentiellement des ressources superficielles (fleuves, rivières, barrages, etc.). « 75 % de l’eau y est prélevée contre seulement 25 % dans les eaux souterraines ». Au niveau national, ce rapport est inversé : seulement 36 % de l’eau provient de la surface, contre 64 % pour l’eau souterraine. Cette séparation entre eaux de surface et eaux souterraines n’est pas toujours aussi nette qu’il y paraît.

Les nappes phréatiques bretonnes sensibles au volume de pluies efficaces

« En Bretagne, les rivières drainent la nappe ; 55 % des eaux des rivières en proviennent. Dans certaines régions c’est la rivière qui alimente la nappe. Dans d’autres, elles sont sans connexion directe ». Le niveau des pluies varie du simple au double d’ouest en est : 700 mm par an près de Rennes contre 1 400 mm au niveau des monts d’Arrée dans le Finistère. Elles tombent à 60 % d’octobre à mars. « Les nappes phréatiques bretonnes sont très sensibles à la quantité d’eau infiltrée, c’est-à-dire au volume de pluies efficaces. Les ressources de l’été dépendent de la pluviométrie de l’hiver qui précède ».

Une baisse probable de la recharge des nappes

« Les modèles montrent que le changement climatique pourrait entraîner une augmentation de 3 °C à 6 °C d’ici cent ans. Même si des divergences subsistent sur le volume des précipitations, il pourrait y avoir un impact sur la recharge des nappes (20 % à 30 % à terme ?) en raison d’une baisse des précipitations estivales et des températures plus élevées ». Une telle baisse impacterait le niveau des forages et le débit des rivières à l’étiage. « Près des côtes, les risques de submersion augmenteront, avec des intrusions salines ». Le tout avec des besoins accrus compte tenu de l’augmentation démographique…

Bernard Laurent

Les morbihannais comptent sur le Blavet, l’Oust et l’Éllé

Le syndicat mixte Eaux du Morbihan (119 communes) produit 24 millions m3 d’eau et en distribue 14 millions à ses 116 300 abonnés (le reste est distribué par d’autres fournisseurs). Le département est maillé d’unités de captage. 35 captent des eaux souterraines ; 12 des eaux de surface. Paradoxalement, 80 % de la ressource provient de ces eaux de surface (Blavet, Oust, Éllé…). 236 km de canalisations permettent de relier ces stations entre elles et aux réservoirs. En Bretagne, la consommation d’eau par habitant est de 110 litres par an, contre 150 litres, en moyenne, en France.


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