Après le programme de recherche Taupic qui regardait entre autres des leviers alternatifs de lutte contre les taupins, bonjour Taupifast, travail porté par Inov3PT qui démarre cette année et se poursuivra jusqu’en 2030. Dans ce projet qui vise à revoir les stratégies de protection des cultures de pomme de terre, « la plupart des parcelles se situent en Bretagne. Il s’agit ici de faire sauter un certain nombre de verrous, notamment celui sur la connaissance biologique de cette larve. Il y a un gros déficit de connaissance », résume Éric Kerloc’h, responsable technique chez Bretagne Plants Innovation. La France recense 6 espèces de ce coléoptère, 3 sont présentes en Bretagne (Agriotes lineatus, Agriotes obscurus, Agriotes sputator).
Au global, les appâts ont une efficacité de 30 à 40 %
Travail du sol, utilisation de plantes de service, appétence ou non de certaines variétés envers le ravageur seront passés au crible. L’avenir de la lutte passera « par une accumulation de stratégies, comme un bon chaulage, une bonne fertilité physique (sols aérés) et chimique, des rotations longues qui diminuent la pression des taupins ».
Appâter pour détourner
Parmi les axes de recherche, celui des plantes appâts. À l’image de ce qui a pu être testé en culture de maïs, le technicien en expérimentation de Bretagne Plants Innovation, Mickaël Guillo, observe l’effet d’un semis de blé ou de petit pois réalisé au défanage des pommes de terre, l’objectif étant de détourner les larves de taupin vers ces couverts plutôt que vers les cultures.
Cet essai a pu se faire grâce à la fabrication d’un prototype : en partant d’un broyeur à fanes, une trémie type engrais starter a été montée sur la machine. Les graines ont été semées grâce à un disque, puis une roue de rappui est venue terminer l’ensemble de l’implantation. Les végétaux-appâts ont été semés dans la partie tamisée du sol, partie meuble et sans cailloux, en août. « Il peut y avoir des attaques plus précoces, mais c’est en fin d’été que les larves sont le plus présentes dans les tubercules ».
Technique efficace
En ce qui concerne la densité, le blé a été semé à 50 kg/ha, le pois à 30 kg/ha.
Au global, sur deux années d’expérimentation (2023 et 2024), « la technique est efficace. Nous observons en moyenne une réduction de 30 à 40 % du nombre de galeries. La bonne levée de l’appât conditionne la réussite. Il ne faut pas hésiter à semer profond si les conditions sont sèches ». Effet collatéral de l’essai, le fait de semer une autre espèce « a une action sur l’érosion dans les inter-buttes en cas de fortes pluies ». Ces tests concluants vont se poursuivre en 2025, avec de l’orge qui aurait un pouvoir attractif plus fort que le blé.
Fanch Paranthoën
