En prenant en compte les chiffres de 2024 du Pays de Morlaix (EPCI qui comprend grosso modo les villes de Morlaix, Landivisiau, Saint-Pol-de-Léon et leurs périphéries), le territoire a une SAU qui couvre 80 437 ha avec 1 590 exploitations agricoles, soit environ ¼ des fermes et des surfaces agricoles du Finistère. Les 685 millions d’euros générés par ces activités représentent 30 % du chiffre d’affaires agricole du Finistère, 8 % au niveau Bretagne. Au-delà des chiffres, on peut dire que cette partie du Nord-Finistère est dynamique (voir page 3). C’est peut-être pour cette raison que Pascale et Franck Chombart, agriculteurs originaires du Nord de la France, ont choisi de poser leurs valises dans ce département pour commencer une nouvelle vie. Ils ont témoigné de leur parcours lors de l’assemblée générale de l’association Rés’Agri Morlaix, le mois dernier.
Le Pays de Morlaix génère 8 % du chiffre d’affaires agricole de la Bretagne
Un parcours de transmission
Tour à tour formateur dans un établissement agricole, responsable de rayon boucherie dans une grande surface, conseiller en génétique laitière puis responsable Procross, Franck Chombart a aussi été agriculteur dans le Nord. Son épouse Pascale a travaillé en laiterie, avant d’être conseillère d’entreprise dans un cabinet de comptabilité, puis enseignante en gestion avec des élèves de la 4e à la licence. Mais le couple a eu envie de concrétiser un projet de production laitière. « Dans le Nord, il existe un accès au bail payant que l’on appelle chapeau. Pour accéder au bail, il faut verser un montant allant de 7 000 à 20 000 €/ha suivant les terres. C’est comparable à un pas-de-porte pour un commerce ». La Franche-Comté a été une région en lice pour leur projet, « mais le cahier des charges interdit la traite robotisée », condition sine qua none pour que les époux s’installent. Puis vient la Bretagne, choisie pour son climat, « même si les réglementations environnementales n’ont rien à voir avec le Nord : ici, il y a énormément de surtranspositions ». Bingo, le site a été trouvé à Plouigneau (29) l’année dernière, « l’exploitation à reprendre et les gens qui nous ont cédé ont fait la différence ».
De leur côté, Jean-Jacques et Marie-Claire Picart avaient lancé les démarches de transmission 5 ans avant la date prévue de vente. « Il existe un parcours à l’installation, mais il en existe aussi un pour la transmission. Il faut aborder les aspects fiscaux, sociaux et psychologiques. Nous sommes allés aux réunions tous les deux, c’est important », se souvient la cédante. Des travaux conséquents de rénovation et de construction ont été engagés dans leur outil afin de séduire plus facilement les porteurs de projet.
Entre les protagonistes de cette histoire, le courant est passé. Une maison est trouvée par les repreneurs à 800 m des bâtiments, le compromis de vente est travaillé par les 2 couples. « Nous l’avons fait en confiance, il a été validé par le notaire pour passer à l’acte de vente ». Signe de n’avoir rien négligé dans les détails de l’opération, ce document de 16 pages comprenait 45 pages d’annexes. « Je ne voulais surtout pas vendre du rêve », relève Jean-Jacques Picart.
Rendez-vous dans 10 ans
L’installation officielle a été actée au 30 août 2024. Mais tout ne s’est pour autant pas arrêté du jour au lendemain pour les cédants. « Nous sommes restés jusqu’au 31 décembre, puis chacun a trouvé sa place et son rythme », explique Marie-Claire Picart. Et son époux de rajouter qu’il passe toujours sur l’exploitation « en mode balade, mais je me sens encore impliqué ». « Moi, j’ai transmis, j’ai une confiance aveugle. Mais lui n’est pas totalement sevré… », lance son épouse, car le cédant passe de temps en temps parer les vaches. Peut-on déjà dire que cette installation est réussie ? « On verra dans 10 ans », conclut Jean-Jacques Picart. En tout cas, il semble que le train soit déjà mis sur de bons rails.
Créer de l’émulation
Le territoire de Morlaix concentre du chiffre d’affaires et de la diversité : lapin, chèvres, moutons, pisciculture, ostréiculture… C’est une chance, le jeune qui veut s’épanouir à la possibilité de le faire. À cela s’ajoutent d’autres réseaux dynamiques, comme les Cuma. Et les jeunes attirent les jeunes, ce qui crée une émulation et donne aux cédants l’envie de garder leur exploitation en état. La ferme parfaite n’existe pas, le repreneur doit l’intégrer. Mais quand on met en forme son outil et que l’on crée du lien, on arrive à des choses positives