Dans le monde, les zoonoses constituent un lourd fardeau pour les populations les plus fragiles. La rage, due à un virus, occasionne toujours 60 000 décès chaque année dans le monde. Le paludisme, occasionné par un parasite, tue dix fois plus. Elles se propagent par voie orale (aliments), par contacts directs, par piqûres ou morsures et par aérosols provenant des animaux porteurs de maladies.

Les zoonoses alimentaires

En Europe, ce sont les zoonoses alimentaires qui sont les plus préjudiciables. Des mesures de prévention, de l’élevage à la cuisine du consommateur permettent de maîtriser les risques mais ne sont pas toujours respectées. La campilobactériose, par exemple, responsable des troubles gastro-intestinaux, est la principale cause de pathologies, loin devant la salmonellose. Potentiellement présentes dans les viandes crues, elles sont éliminées par la cuisson. « Attention aux contaminations croisées », préviennent Muriel Guyard et Camille Demassieux, respectivement microbiologiste et vétérinaire épidémiologiste à l’Anses. « Il ne faut jamais remettre des viandes cuites dans leur contenant d’origine, comme on le voit souvent pour les barbecues, par exemple ». La planche à découper est souvent incriminée. « L’expérience montre que des campilobacters passent, dans 30 % des cas, d’une carcasse de poulet crue à des blancs de poulets cuits en tranche, via la planche à découper ». Les salmonelles peuvent être présentes chez les volailles ou le porc (porteurs sains) et chez les chats, les chiens, voire chez les nouveaux animaux de compagnie (reptiles). « La contamination à l’homme peut se faire au contact des déjections animales mais aussi par la consommation d’aliments contaminés (œufs, lait, charcuterie). La tendance, pour cette maladie, est stable ». En ferme, la transmission est possible entre différents ateliers, via le matériel, les pratiques…

60 % des maladies infectieuses émergentes ont une origine animale

Les zoonoses non alimentaires (grippe, fièvre Q…) font l’objet de mesures de surveillance et d’assainissement via la prophylaxie. Le changement climatique aura des conséquences sur les zoonoses, alimentaires ou non. « De nouveaux agents pathogènes émergeront en raison de la modification des températures et de l’humidité. La multiplication des voyages, l’antibiorésistance, les élevages péri-urbains, la pollution, la modification des populations d’insectes et des écosystèmes, en lien avec le recul de la forêt, favoriseront également l’émergence de maladies ». Pour y faire face, les scientifiques misent sur les progrès de la science, en suivant l’évolution et les mutations des pathogènes, qui sont permanents. Elles se veulent néanmoins rassurantes : « Toutes les transmissions d’agents pathogènes n’aboutissent pas à une nouvelle maladie. Toutes les émergences ne donnent pas lieu à une épidémie ou à une pandémie. Pour qu’un pathogène passe la barrière inter-espèces, il doit muter ».

Bernard Laurent

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