Dossier technique

Fraiser et planter en un seul passage

L’investissement dans une machine de plantation a été mutualisé entre le Gaec Nevez Castel et le Gaec de Kerberheun. L’outil fait gagner du temps et est équipé d’une option qui limite l’érosion des sols.

David Chopin devant une planteuse à pomme de terre - Illustration Fraiser et planter en un seul passage
David Chopin, producteur à Lanarvilly (29). | © Paysan Breton – F. Paranthoën

La préparation des terres à pomme de terre demandait auparavant, à David Chopin, un labour, puis 2 passages de herse rotative. Une fraise butteuse reprenait ensuite la terre des rangs, puis le producteur de Lanarvilly (29) plantait, enfin, sur 2 rangs et avec un écartement de 90 cm. De l’autre côté du talus, les voisins du Gaec de Kerberheun, aussi producteurs de pomme de terre, préféraient planter en 4 rangs, à 75 cm d’écartement. Le matériel vieillissant et l’envie de travailler en commun ont conduit les agriculteurs à investir en copropriété dans une planteuse combinée qui fraise et plante en un seul passage. Cette Ceres 450 de chez AVR a été achetée d’occasion aux établissements Le Saout de Landivisiau (29), après une visite en Belgique chez le constructeur AVR qui vendait cette planteuse d’occasion. Elle avait travaillé dans une ETA belge, et a coûté dans les 80 000 €, « soit moitié moins qu’une machine neuve ». Récent, cet outil n’avait effectué que 4 saisons au ‘plat pays’.

La nouvelle machine fraise sur la totalité de la partie plantée. Cette Ceres est également dotée d’une cuve pour engrais liquide, David Chopin en profite pour fertiliser directement les rangs, l’engrais binaire 24-10 (N-P) est de la sorte mieux assimilé par les plantes. « C’est aussi moins de manipulations, comme c’était le cas avant avec l’utilisation d’un engrais solide en sacs de 25 kg ». Un petit semoir type Delimbe vient compléter les options, il peut être utilisé pour épandre un insecticide régulièrement en modifiant la dose en fonction de la vitesse d’avancement du tracteur.

Une plantation régulière

L’ancienne planteuse, à courroies, permettait de mettre en terre tous les calibres de pomme de terre, « mais elle était moins régulière. Notre planteuse actuelle, à godets, n’autorise pas d’utiliser des dessus de plants même si ces godets sont assez grands. En revanche, nous avons gagné en régularité ». Depuis la cabine, le chauffeur renseigne sur un écran tactile le nombre de plants souhaités à l’hectare, qui dépendra de la variété et du calibre. « Nous utilisons surtout des calibres 35/45 ». Côté profondeur, le réglage se fait manuellement, les tubercules sont positionnés entre 15 et 17 cm du haut de la butte. L’entraînement des godets est électrique et indépendant, « on peut par exemple planter plus de tubercules dans une ligne que dans une autre ».

Pour tracter cet ensemble, le besoin de puissance est « de 220 à 250 cv. Nous louons un tracteur à l’Armoricaine – Serra 3 000 de Landivisiau (29) pour les chantiers, car nous sommes obligés de travailler en guidage RTK, la machine n’étant pas dotée de traceurs. Avec ce guidage, il est possible de couper les tronçons ». Les implantations sont rapidement effectuées à raison de 4 à 5 ha par jour quand les sols sont bien préparés très à l’avance, avec un labour et un passage de herse rotative. « Il faut être patient et ne pas intervenir sur des sols trop humides, car nous plantons dans des buttes définitives (voir encadré) ». La mise en place de la culture doit être anticipée, en trouvant un créneau météorologique sans précipitations les jours suivants. Aussi, les utilisateurs apprécient la capacité de la trémie qui peut recevoir 3 tonnes de plants, soit l’équivalent d’un hectare.

Garder la terre

Sensible aux questions de l’érosion de ses sols, le Finistérien ne tamise plus depuis des années. « Les champs sont ici peu caillouteux, et donc adaptés à cette planteuse : les terres à cailloux abîmeraient les dents de la fraise ». Abandonner le tamisage permet au passage de pouvoir revenir plus vite lors de la récolte, « la terre se ressuie rapidement ». Pour limiter davantage la formation de ravines, la planteuse est équipée d’un kit anti-érosion : une dent « pianote » la terre, formant une petite butte de 5 cm de haut tous les 20 à 30 cm. Cette distance est réglable depuis la cabine. Ce monticule de terre « freine fortement l’eau, même si elle s’efface au bout d’un certain temps ».

Le Gaec de Castel Nevez a toujours concilié production laitière et culture de pomme de terre. L’élevage apporte les matières fertilisantes organiques aux plantes. La rotation longue se compose de céréales, de maïs ensilage et grain, de betterave fourragère, de lin fibre et de colza. Les 250 ha de SAU laissent de la place aux 25 ha de pomme de terre. « Nous arrivons à revenir dans les champs tous les 5 ans. Il n’y a pas d’échanges de terre à faire avec des voisins ». Les pommes de terre viennent après céréales ou maïs, un couvert est semé entre les cultures. Il se compose d’un mélange de phacélie, de radis, de trèfle et de moutarde.

Fanch Paranthoën

La cape de recouvrement, une option plébiscitée

L’option cape de recouvrement « est achetée par 70 % de nos clients. Elle recouvre, après le passage des disques, les pommes de terre en remettant une couche de terre sur la butte, ce qui donne un buttage définitif et évite de repasser : la butte sera la même jusqu’à l’arrachage. C’est un fort gain de temps, le tracteur plante et butte en même temps », explique André Hirrien, responsable de compte en régions Ouest et Centre pour le constructeur AVR. Cette option coûte dans les 9 000 € ; cet investissement est à comparer avec une butteuse du constructeur vendue 18 000 €, mais qui a l’avantage « d’avoir 3 fonctions : buttage, sarclage et binage ». Pour finir, la cape de recouvrement est proposée soit en tôle inox, soit en revêtement Teflon. Cette finition est adaptée aux sols très argileux, qui pourraient coller aux tôles inox.


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