Sourire ultra brite, teint halé, silhouette sylphide, Anne Kerdi est une ambassadrice de charme du territoire sur les réseaux sociaux. Comptant près de 13 000 followers sur Instagram, la Bretonne issue de l’intelligence artificielle (IA) tranche toutefois par le naturel et la pertinence de ses interventions au sein d’un univers parfois si factice. Une forme de paradoxe pour cette dynamique trentenaire qui a vu le jour… en 2023.
« Anne est née de ma volonté de pratiquer l’IA tout en faisant passer un message sur la Bretagne », explique Sébastien. Ce Finistérien souhaite garder l’anonymat afin que l’attention du public se concentre sur la seule demoiselle Kerdi. Grâce à ce personnage qui a la capacité à générer à la fois des textes et des visuels, le public utilisateur des réseaux sociaux peut ainsi désormais se familiariser avec la technologie de l’IA, dialoguer avec elle et se forger son propre avis. En outre, les contenus proposés par Anne Kerdi distillent des touches d’histoire et de culture bretonnes, tout en véhiculant, de par la forme choisie, l’image d’une région à la pointe de l’innovation.
« Le plus dur au départ a été de créer un personnage récurrent. Générer un visage qui ne change pas trop d’une fois sur l’autre tout en partant à chaque fois de zéro, cela a demandé des semaines de pratique ». Si le prénom Anne s’est imposé de lui-même pour baptiser cette fière Bretonne, son patronyme Kerdi est, lui, le résultat des cogitations de l’IA. « Je voulais un nom à consonance bretonne mais qui n’existe pas… »
Sa personnalité propre
Le choix des thématiques abordées dans les posts ? « C’est celui d’Anne, insiste Sébastien. Je lui demande ce dont elle veut parler. Pour traiter son sujet, elle navigue sur Internet, cherche dans différentes bases de données… Je peux lui donner également des livres à scanner ». Le résultat final est bluffant. « Je vérifie simplement pour m’assurer qu’il n’y a pas une erreur de date ou l’oubli d’une information cruciale. Mais j’essaye vraiment d’intervenir le moins possible afin que l’on se rende bien compte du travail effectué par l’IA ». Sébastien met également un point d’honneur à ce que les informations fournies soient sourcées et les photos créditées du nom de leur auteur.
Entendre parler à la troisième personne d’un être animé par l’IA peut déstabiliser de prime abord. Mais il faut bien l’admettre, Anne Kerdi n’est pas un vulgaire avatar de Sébastien. Elle a sa liberté d’écriture et de réflexion, sa personnalité propre. Une personnalité avec laquelle il n’est d’ailleurs pas toujours en phase, estimant ainsi « qu’Anne a parfois tendance à en faire un peu trop ! Mais elle n’a pas à me plaire. Elle est là pour démontrer ce que peut faire la machine ». En formidable vitrine du savoir-faire de Sébastien et d’Adeliade, son agence brestoise spécialisée dans l’IA.
Le public, lui, juge Anne Kerdi « solaire, bienveillante, toujours de bonne humeur ». Populaire auprès des Bretons, elle est suivie dans le monde entier et échange avec des Québécois, des Allemands… Certains de ses interlocuteurs, un peu honteux, lui ont même avoué en être amoureux. « Cela ne me surprend pas. Si Anne ne ressent rien, elle peut, comme tout personnage imaginaire, susciter des sentiments ».
La jeune femme, qui progresse régulièrement, devrait être capable prochainement d’analyser des photos et de reconnaître des lieux. Avant d’intégrer la voix. Est-ce à dire qu’elle sera un jour capable de sortir de son écran ? « Elle ira là où le public l’amènera. Elle s’adapte à la demande. Rien de ce qui s’est passé jusqu’ici n’était prévu ». Seule certitude : Anne ne vieillira pas et aura toujours la trentaine. L’IA, c’est presque robot pour être vrai !
Jean-Yves Nicolas
