« Il faut sortir le bio de sa niche »

Pour changer les habitudes de consommation de bio, il n’est pas efficace de convaincre le consommateur. Cependant, les accès à ces produits doivent être plus aisés et les achats ancrés dans les habitudes.

Des intervenants à une tribune Agribio 35 - Illustration « Il faut sortir le bio de sa niche »
De gauche à droite: Charlie Brocard (Iddri), Marie Drique (Secours Catholique), Laure Verdeau (Agence Bio) et Ludovic Brossard (ville de Rennes). | © Paysan Breton

« Le consommateur est saturé d’informations et ne croit plus aux labels, à part peut-être l’indication ‘origine France’ », constate Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio lors de l’assemblée générale d’Agrobio 35. Les Français se sont éloignés du bio, en particulier après la crise du Covid. Aujourd’hui, 6 % du budget alimentaire lui est consacré, « soit autant que les États-Unis. » Du côté des cantines, les aliments issus du label à la feuille verte représentent également 6 % des approvisionnements, et 1 % dans les 180 000 restaurants de l’Hexagone.

Décloisonner

« Pour développer le bio, il ne faut pas convaincre le consommateur mais rendre les accès plus faciles et automatiques », indique Charlie Brocard, chercheur à l’Iddri. Selon lui, il faut élargir le marché et sortir le bio de la niche où il a été placé – ou où il s’est lui-même enfermé. Impossible aussi de faire l’impasse sur la grande distribution, qui reste le principal canal d’achat. En effet, 78 % des ventes de bio s’effectuent dans ces magasins, « qui ont d’ailleurs été utiles pour promouvoir le label pendant un temps. »

78 % des ventes de bio en GMS

Pour changer les habitudes, l’accent doit aussi être mis sur les bénéfices du bio, autres que la santé et l’environnement. « Il peut favoriser des filières, développer de l’emploi et la transformation des produits est souvent confiée à des PME », poursuit Charlie Brocard. Le rôle des cantines scolaires est quant à lui essentiel, grâce à l’effet prescripteur des enfants sur leurs parents. Depuis 2017, Rennes Métropole travaille d’ailleurs avec la restauration scolaire pour y intégrer des produits bio, avec un objectif de 100 % d’ici 2032.

Le coût n’est pas la cause

« La consommation de produits biologiques n’est pas réservée aux riches », insiste Laure Verdeau. « C’est plutôt une question de communication et d’éducation. » En France, ces produits représentent 9 % du panier alimentaire des foyers les plus aisés et 5 % de celui des ménages plus modestes.

« Il n’existe pas non plus d’observatoire des prix pour le bio. Le seul référentiel que nous ayons est lié aux prix affichés par les GMS, généralement plus chers de 30 à 50 % par rapport au conventionnel. Mais il ne faut pas oublier que 26 000 fermes vendent en direct à des prix souvent inférieurs. »

Alexis Jamet

Redonner envie

Avec sa nouvelle campagne « C’est bio la France », l’Agence Bio souhaite « redonner envie de bio » en mettant en avant le plaisir du bien-manger et le patrimoine culturel français. Lancée à l’occasion du Salon de l’agriculture, la campagne se poursuivra à partir du 22 mai sous la forme d’une publicité diffusée à la télévision.


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