L’avoine rude, si vertueuse

Les agriculteurs-méthaniseurs peuvent intégrer des cultures à vocation énergétique dans leur rotation pour nourrir leur digesteur. Le seigle est largement utilisé, mais d’autres plantes se distinguent par leur potentiel et leur intérêt agronomique.

Parcelle d'avoine - Illustration L’avoine rude, si vertueuse
L'avoine rude fait son cycle végétatif en 3 à 4 mois. | © Paysan Breton

En France, le seigle fourrager est l’espèce la plus cultivée en Cive d’hiver (culture intermédiaire à vocation énergétique). D’après les données du projet Reflex’Cive, son rendement moyen de 7,6 t MS/ha en Bretagne en fait l’une des plantes les plus productives pour ce débouché. Pour optimiser sa biomasse et sa valeur énergétique, il est recommandé de le semer à partir de fin septembre.

« Le seigle fait son rendement dans les 15 derniers jours de son cycle », affirme Kévin Hervé, chargé de développement chez Eureden. « Pour la récolte, plus on attend et mieux c’est. L’idéal est de viser le stade grain laiteux-pâteux. » Cependant, la graminée possède des inconvénients, comme sa sensibilité à l’hydromorphie, à la verse ou à la rouille brune.

Ses racines ont un effet structurant

« Pour gérer l’enherbement, le seigle peut être facilement désherbé avec des programmes qui coûtent environ 30 €/ha », ajoute l’expert. « On peut aussi l’associer avec de la vesce velue et ainsi profiter de l’effet désherbant et azote de la légumineuse. »

Casser le cycle

Dans une rotation avec un enchaînement de graminées, le seigle peut entretenir le piétin échaudage, qui peut causer une perte de rendement jusqu’à 50 %. « Pour casser le cycle, on peut introduire une crucifère dans la rotation », explique Kévin Hervé. « On peut aussi utiliser le traitement de semences Latitude, ou bien changer de Cive. »

C’est là que l’avoine rude peut entrer en jeu. Seule céréale à ne pas entretenir le pathogène du piétin échaudage, elle est également moins sensible à l’hydromorphie.

« L’avoine rude a longtemps été considérée comme le parent pauvre des céréales », lance Jean-Luc Le Bénézic, consultant en agroécologie chez Eureden. « Elle est pourtant très vertueuse. Ses racines profondes et fasciculées vont chercher le calcium et la potasse en profondeur et ont un effet structurant. Ses facultés allélopathiques inhibent aussi le liseron. »

Attention au gel

Son implantation ne doit néanmoins pas être précipitée car cette avoine est gélive. En Bretagne, l’optimum de date de semis est autour de la mi-octobre.

« Avec une bonne stratégie de fertilisation en N et en K, son rendement peut atteindre 6 à 8 t MS/ha », conclut Kévin Hervé « Il ne faut pas non plus hésiter à semer épais (45 à 50 kg/ha). »

Alexis Jamet

Et le triticale ?

Le triticale est un bon candidat pour les Cive. Rustique, il est résistant au froid, aux maladies et se développe bien dans les sols humides. Son rendement moyen de 7,7 t MS/ha en fait l’une des Cive d’hiver les plus productives. Plante précoce à la montaison, le triticale permet de produire une biomasse importante au printemps.


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