1885. Cette date marque la fin symbolique du loup en Bretagne au XIXe siècle. C’est à cette date, à La Trinité-Porhoët (56), que fut officiellement tué le dernier loup de la région au terme d’une politique nationale d’éradication encouragée par des primes.
Dès lors on croyait que le loup était définitivement passé dans l’imaginaire de la peur joyeuse des comptines pour enfant. Et voilà qu’il hante à nouveau les campagnes bretonnes. Bien réel cette fois, faisant resurgir une peur culturelle parfois digne des récits du Moyen Âge.
Le loup est repéré un peu partout sur le territoire
La réapparition du canidé sauvage suscite une approche dichotomique. D’un côté, une administration qui continue d’employer cet euphémisme « loup non exclu », détour rhétorique manifestement destiné à gagner du temps (et de l’argent). D’un autre, des éleveurs qui n’ont aucun doute sur la présence du loup. Les preuves fournies par les nombreuses caméras installées dans la campagne sont sans équivoque : le loup est repéré un peu partout sur le territoire, parfois accompagné de louveteau. Pour autant, certains éleveurs rechignent à déclarer leurs animaux tués pour ne pas être pris pour des affabulateurs.
La multiplication des attaques de troupeaux forcera pourtant prochainement tout le monde à sortir du bois pour définir une politique d’action lucide, entre régulation et sauvegarde. La ligne de crête est étroite pour cette espèce « strictement protégée » par la convention de Berne. Ce statut pourrait cependant être abaissé prochainement d’un cran. Le 16 avril, les représentants des États membres de l’UE ont en effet approuvé la proposition de la Commission européenne d’en faire une espèce simplement « protégée ». Le Parlement européen se positionnera à son tour sur le sujet début mai.
Les chèvres affûtent leurs cornes, le loup y laissera-t-il sa toison ?