À Monterblanc (56), Rosélène Pierrefixe est installée sur une microferme depuis 2014. Son mari Nicolas y travaille comme conjoint collaborateur. Sur les 2 ha de terres arables, le couple cultive une grande diversité de légumes. Des vergers et un élevage de 80 poules pondeuses complètent l’atelier principal. La grande majorité de la production est vendue en direct sur des marchés. Dans cette structure moins mécanisée que d’autres fermes maraîchères, la question de l’ergonomie s’est rapidement posée. En effet, toute l’année les producteurs sont confrontés à des ports de charges lourdes, à de nombreux aller-retours avec la brouette dans les champs, au lavage des légumes ou encore à du désherbage, des plantations et des récoltes à la main.
Bien s’échauffer
« J’avais déjà identifié des problèmes dans d’autres exploitations lors de stages ou de visites », raconte Rosélène Pierrefixe. « De plus, pendant mes deux grossesses, j’ai souffert de douleurs au niveau du bassin et du dos. »
Les échauffements sont bénéfiques
À l’époque, son kinésithérapeute et ostéopathe, Guillaume Zuber, lui prodigue des astuces pour mieux faire face aux journées exigeantes de travail. Des échauffements du bassin, des coudes, des épaules et des genoux le matin, et des étirements le soir. Sans oublier la pratique régulière d’une activité sportive pour se renforcer et se vider la tête. « Les échauffements ne prennent que cinq minutes et sont vraiment bénéfiques », indique la maraîchère. « C’est important de prendre le temps de les faire. »
Travailler en groupe
Entre 2021 à 2024, le Gab 56 a accompagné un groupe d’une quinzaine de microfermes maraîchères dans le cadre d’un groupe AEP (agriculture écologiquement performante). Son objectif principal était d’étudier la durabilité de ces structures, en mettant l’accent sur l’ergonomie et la réduction de la pénibilité du métier. Au cours de ces trois années, Guillaume Zuber a analysé les postures et les méthodes de travail de chaque producteur. « Il est notamment venu pendant les récoltes de haricots et de courgettes », déclare Rosélène Pierrefixe. « Il m’a également accompagnée sur les marchés, où l’installation du stand demande beaucoup de port de charges. J’ai réalisé que mon organisation n’était pas optimale et j’ai pu limiter beaucoup de mouvements parasites. » Les maraîchers ont aussi été filmés pendant qu’ils travaillaient. Les vidéos ont ensuite été analysées en groupe. L’occasion de se rendre compte des bonnes ou mauvaises habitudes de chacun, mais aussi des siennes.
Des outils spécifiques
Rosélène Pierrefixe est équipée de sacoches de récolte qui reposent sur les hanches. Celles-ci lui permettent de travailler les mains libres tout en étant accroupie ou sur les genoux, avec une charge répartie de manière équilibrée sur les épaules. Des outils de préparation de sol, à l’instar de la campagnole, permettent de travailler « sans se casser le corps ». À la suite des observations de Guillaume Zuber, la productrice utilise également un ballon qui lui sert d’assise pendant les désherbages et qui lui permet de soulager son dos et ses articulations. « Grâce à ce groupe, nous avons eu une aide de la MSA pour nous équiper », explique l’agricultrice. « Pour une facture de 2 000 €, la moitié était prise en charge. » Cette enveloppe a servi à acheter un plateau roulant pour transporter les caisses de plants, quelques outils de désherbage mais surtout une brouette électrique. Cette dernière est utilisée pour transporter les composts, évacuer les déchets ou déplacer du matériel, et ce sans utiliser de force, même sur les terrains accidentés.
Alexis Jamet


Ergonomie mentale
L’ergonomie englobe également la pénibilité mentale. « Notre métier induit beaucoup de charge mentale », précise Rosélène Pierrefixe. « Nous avons de nombreuses astreintes, nous sommes soumis à du stress et des conditions de travail parfois difficiles. » Pour l’agricultrice, le sport est important pour décrocher. Les groupes de travail, eux, permettent d’échanger et de ne pas rester seul sur la ferme. « Nous avons aussi des solutions logicielles pour nous organiser au mieux. Enfin, il ne faut pas négliger les week-ends et les vacances. »