Dossier technique

Un vrai CDD pour l’été

Pour partir en vacances l’esprit tranquille, les associés ont embauché une personne pendant huit semaines. L’expérience va être renouvelée.

Deux hommes devant une prairie contenant des fleurs jaunes - Illustration Un vrai CDD pour l’été
Charles Leconte et Jean-Marie Diridoullou, 
éleveurs à Tressignaux (22). | © Paysan Breton - T. Dagorn

Charles Leconte et Jean-Marie Diridoullou sont installés en production laitière à Tressignaux (22). Dans leur association sans liens familiaux, ils ont l’avantage de ne pas partir en congés en même temps. Non issu du milieu, le premier a travaillé trois ans pour le Sdaec puis Terralliance pour gagner en expérience. Le second a notamment été responsable d’élevage. « Outre un système herbager très pâturant, nous voulions du travail en collectif avec un fort accent sur l’humain », explique Jean-Marie. Dans leurs parcours, ils ont aussi rencontré des éleveurs qui faisaient attention à la question du temps de travail. « Nous portons ainsi une grande attention à notre confort de vie et voulons profiter de nos familles, amis et loisirs comme tout le monde. Nous prenons chacun six semaines de congés par an, dont trois en juillet – août », insiste Charles.

Emploi attractif pour les jeunes

Durant l’été 2024, ils ont embauché Louisa Le Mézec, la nièce d’un de leurs cédants, qui avait déjà travaillé ponctuellement sur la ferme. « Dans les campagnes, nous savons qu’il y a plus d’offres d’emploi que de candidats. Beaucoup ont du mal à trouver un remplaçant pour se libérer. » Pour trouver l’oiseau rare, ils tenaient à proposer « quelque chose d’attractif », précisent-ils. « Plutôt que de chercher une personne venant assurer des traites par exemple, nous sommes partis sur un vrai CDD de 8 semaines à temps plein adapté aux jeunes qui veulent se faire un revenu correct. » Facile à déléguer

Pendant 15 jours, « pour la mise en route », les associés et la saisonnière ont travaillé ensemble. « Avant, nous avons beaucoup discuté de son accueil. Nous ne voulions pas lui mettre de pression et lui laisser le temps de s’adapter. » Puis, l’un après l’autre, ils sont partis pour trois semaines. « Notre système herbager est facile à déléguer. Il y a très peu de travaux avec de la pénibilité. Suite à nos expériences passées, nous évitons de confier toujours les tâches les plus ingrates ou répétitives aux salariés. Au contraire, nous alternons tous », précise Jean-Marie Diridoullou. Avec du recul, les éleveurs ont apprécié « partir en vacances l’esprit libre, sans charge mentale » en étant sûr que celui qui reste ne serait pas épuisé au retour. « En tant que chefs d’entreprise, nous essayons de prendre soin l’un de l’autre », sourient-ils.

2 000 € de reste à charge

Côté financement, les associés ont profité du crédit d’impôts accordé aux contribuables imposés aux bénéfices agricoles. Il s’élève à 60 % des dépenses de remplacement pour congé (pour un maximum de 17 jours par an). Soit autour de 1 600 € par associé. « Cette embauche de huit semaines à temps plein, à 40 heures hebdomadaires, représente un coût initial de l’ordre de 5 000 €. Après crédit d’impôt, accordé l’année suivante lors de la déclaration fiscale, le reste à charge pour le Gaec est d’environ 2 000 €. » Cet été, l’initiative va être renouvelée. « Cette fois, pour rendre l’expérience plus confortable, nous travaillerons une semaine en commun entre nos vacances respectives pour assurer la transmission des informations et se mettre à jour », terminent les associés.

Un mercredi sur deux à la maison

« Pour nous, le métier d’éleveur est une passion. Mais nous avons besoin de décrocher pour continuer à l’apprécier dans la durée », expliquent Charles Leconte et Jean-Marie Diridoullou qui profitent d’un week-end et d’un mercredi sur deux. Charles Leconte est arrivé le premier et a travaillé avec les cédants (un an de parrainage et installation en 2021). C’était un système herbager conventionnel avec prairies, maïs et colza. « À mon arrivée, nous sommes passés en bio. » Puis il a rencontré son futur associé, en 2022, grâce à une annonce au RDI. « La première idée était d’embaucher. Mais le salariat peut être une source d’instabilité dans une équipe qui démarre. Nous avions besoin de nous connaître et de mettre notre système en place. » Ils ont alors testé et adopté la monotraite qui permettait d’adapter la charge de travail en conservant le régime fiscal du micro-BA qui leur convenait.


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